L'historien et les mémoires de la guerre d'Algérie

Introduction

- définir termes clés :" historiens" et "mémoires" en insistant sur leur subjectivité, mais aussi leur pluralité qui peut être source de richesses pour le travail de l'historien mais aussi de difficultés du fait des conflits mémoriels qui restent importants.

conflit étudié : souligner, que deux mémoires officielles sont en jeu, de part et d'autre de la Méditerranée.

II Des mémoires multiples et concurrentielles qui émergent, se complètent mais s'affrontent aussi.

1. La concurrence entre les deux mémoires officielles
tensions encore fortes entre la France et l'Algérie au sujet de ce conflit, parfois réactivées (2005 et le rôle positif de la colonisation). Difficulté pour les historiens à parvenir à une histoire commune du conflit, susceptible de rejoindre les deux rives de la Méditerranée.

2. L'émergence de différents types de mémoires : de nouvelles sources (témoignages) dont profitent les historiens mais qu'ils doivent prendre avec précaution
- la mémoire des appelés du contingent, réunis en associations comme la FNACA
- la mémoire des Pieds Noirs teintée pour certains de "Nostalgérie".
- la mémoire des Algériens de France qui ont été sollicités de différentes manières dans ce conflit, alors qu'ils se trouvaient en métropole
- la mémoire douloureuse des Harkis considérés comme des traitres et doublement victimes, au vu de l'accueil qu'ils ont reçu en France.
- la mémoire de ceux qui ont soutenu l'indépendance algérienne (engagés politiquement, syndicalement...).

3. Les conséquences pour le travail des historiens
De nouvelles sources, un renouvellement scientifique avec notamment l'histoire des mémoires elle-même qui devient un sujet d'études, mais aussi des conflits (tentatives d'intimidation voire de procès contre des historiens français qui se sont écartés selon certains d'une prétendue réalité historique en donnant trop de place à des groupes particuliers).

Conclusion

la guerre d'Algérie est un événement historique majeur de l'histoire du XXe siècle. Son récit s'est considérablement enrichi, même s'il ne fait pas encore consensus entre les deux Etats protagonistes mais aussi à l'intérieur des sociétés concernées. C'est encore un sujet parfois de déchirements et de divisions (par exemple, l'impossible accord pour trouver une journée de commémoration officielle en France du conflit). Le travail des historiens n'en est que plus nécessaire et "urgent", d'autant que ceux qui ont vécu ce conflit, commencent à être de moins en moins nombreux.

I Les historiens confrontés à la mémoire officielle du conflit des deux côtés de la Méditerranée

A. En France : la période de l'oubli officiel ou de l'amnésie organisée (1962-1999) - raisons : oublier défaite et les atteintes au modèle républicain que ce conflit a engendrées
- modalités : absence de commémoration officielle + lois d'amnistie ds l'urgence + censure organisée de manière insidieuse( comme pour la projection de la Bataille d'Alger.)
- conséquences : accès difficile aux archives pour les historiens + efforts de certains d'entre eux pr faire l'histoire de ce conflit (ex : Pierre Vidal-Naquet)

2. fin de la guerre sans nom et le renouvellement des champs historiographiques (années 1990 -2000)
- multiplication des travaux qui dénoncent : documentaires ( ex : film de B. Tavernier, + Benjamin Stora (La Gangrène et l'Oubli paru en 1991))
- tournant de la loi de 1999 : une guerre qui porte enfin son nom. Progressive reconnaissance officielle des événements mettant en cause la République, comme la répression contre la manifestation du 17 octobre 1961, en 2012.
- La guerre d'Algérie : un sujet qui profite des recherches historiques à partir des années 2000 (émergence d'une nouvelle génération d'historien(ne)s comme R. Branche et sa thèse sur la torture, ouverture des archives de l'armée de terre...)

3. En Algérie : vision de la guerre : "une révolution sans visage" (B. Stora)
- raisons : victoire du FLN, volonté de mythifier la guerre d'indépendance comme épisode fondateur de la nation algérienne
- manifestations : mémorial du martyr à Algérie pour le 20ème anniversaire de l'indépendance, une histoire sous contrôle de l'Etat (dans le cadre scolaire)
- conséquences pour l'historien : difficile recherche d'objectivité face au poids de l'histoire officielle, la difficulté d'aborder le rôle de certains groupes d'acteurs du conflit : Pieds Noirs, mais aussi Harkis et aussi nationalistes n'appartenant pas au FLN (comme les messalistes). Progrès toutefois à signaler depuis une dizaine d'années pour incarner, par des figures historiques, la guerre, désormais connues et identifiées par la société algérienne.