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arabera Fabrice Gallet 7 years ago

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Méthodologie de la dissertation de philosophie 2014

La dissertation de philosophie est un exercice académique rigoureux qui possède des règles spécifiques qu'il est essentiel de maîtriser pour en tirer le meilleur parti. L'objectif principal de cet exercice est de développer une réflexion structurée autour d'

Méthodologie de la dissertation de philosophie 2014

Méthodologie de la dissertation de philosophie

La dissertation est avant tout un exercice. Elle a ses règles propres, qu'il faut connaître et respecter, afin d'en tirer les bénéfices pédagogiques sans trop souffrir des inconvénients (les mauvaises notes, le découragement, mais surtout le sentiment d'une pensée fermée, étriquée, artificielle). Si l'on admet les limitations de l'exercice tout en remarquant la liberté qu'il laisse à celui qui s'y exerce, et si l'on prend conscience des principaux attendus et des compétences à développer, cela peut prendre la forme d'un jeu intellectuel, où il s'agit de résoudre une énigme et surtout de montrer qu'on est capable de rassembler des indices et des preuves pour la résoudre.

On ne peut pas attendre d'un élève de Terminale qu'il apporte une solution miracle à un problème philosophique fondamental, mais seulement qu'il l'exprime clairement, qu'il en aperçoive les enjeux au-delà des jeux de mots et qu'il défende une manière possible d'en concevoir les termes afin de proposer une réponse cohérente.

Autrement dit, une dissertation consiste, à partir d'une question, à:

- dégager un problème philosophique et en exposer les différents enjeux,

- élaborer un raisonnement ordonné qui consiste à discuter une série d'hypothèses de réponses vraisemblables pour établir quelle est la plus pertinente.

Puisque ce n'est qu'un exercice, mais un exercice noté qui compte pour le bac, il faut en apprendre les règles. Comme pour tout exercice de même que pour tout jeu, la répétition est nécessaire afin de pouvoir suivre les règles avec l'aisance qui permet au bon joueur d'ajouter sa pointe d'originalité et de ne plus se sentir contraint.

A faire / à ne pas faire

S'efforcer de conceptualiser, c'est-à-dire considérer les choses telles qu'on devrait les penser en droit, universellement
Accumuler empiriquement les cas particuliers, les données historiques, les exemples
Faire référence aux auteurs classiques avec parcimonie, de manière précise, pour renforcer un raisonnement personnel, et toujours expliquer les brèves citations éventuellement données, montrer clairement ce qu'elles apportent à la discussion.
Multiplier les références à la volée, en guise d'introduction, d'ouverture de partie, de transision, etc., faire des citations interminables qu'on ne comprend pas sans en tirer la moindre conclusion
Intégrer ses connaissances philosophiques au sein d'une stratégie de réflexion personnelle
Enchaîner sans commentaire des résumés de doctrines
Procéder selon une réflexion logique, rigoureuse, à la fois objective et personnelle, en assumant les incertitudes possibles.
Polémiquer, distribuer des éloges ou des blâmes, invectiver, trancher avec autorité, en raisonnant de manière sommaire.
S'efforcer de préciser le problème tout au long de la discussion en l'affrontant réellement
Annuler les difficultés ou les apories, s'en débarrasser par des jeux de mots, ramener la problématique à l'art de se dérober.
Organiser son développement en vue de résoudre progressivement le problème, en justifiant le passage d'une idée à l'autre
Juxtaposer les idées dans le désordre
Circonscrire sa réflexion à un seul problème et à ses différents aspects, n'examiner qu'une idée à la fois
Multiplier les questions sans réponses, les problèmes seulement évoqués, embrouiller ses propos en développant plusieurs idées à la fois, s'éparpiller.
Maintenir des définitions ouvertes, pouvant être remaniées et « réélaborées » dans le cours de la discussion
Établir des définitions dogmatiques, fermées, trop restrictives.
Etablir des définitions et distinctions précises et rigoureuses des termes, concevoir leurs articulations internes et externes
Faire un usage flou et vague des concepts, utiliser indifféremment plusieurs termes pour dire la même chose.
Analyser avec précision tous les termes, sans négliger ceux qui paraissent anodins, même si l'on en privilégie certains
Repousser, de manière arbitraire, certains termes, faire comme s'ils n'étaient pas là
Saisir la polysémie des termes du sujet selon le contexte, envisager toutes leurs interactions possibles
Procéder à une étude uniquement analytique des termes de l'intitulé, qui atomise l'énoncé.
Lire attentivement le sujet, éviter tout contresens, l'avoir toujours en tête durant le travail
Se débarrasser du sujet, n'en faire qu'un prétexte à autre chose ou se lancer précipitamment dans la rédaction en suivant la première idée qui passe

(Auto)-Évaluation

Les trois questions et les critères corrélatifs guident aussi bien l'évaluation par le professeur que l'auto-évaluation de l'élève au fil de la rédaction de sa copie et lors de sa relecture.

De manière très générale (chaque sujet, chaque groupe de copies et chaque copie constituent un cas particulier), les notes se répartissent de la manière suivante:

- Une très mauvaise copie (moins de 5) ne répond pas à la plupart des critères des questions 1 et 2.

- Une copie insuffisante (entre 5 et 10) a de trop sérieuses lacunes soit dans la compréhension du sujet (hors sujet) soit au niveau de la méthode.

- Une bonne copie (entre 10 et 15) répond favorablement à deux des trois grandes questions.

- Une excellente copie (au delà de 15) satisfait avec maîtrise et clarté à la plupart des critères et surtout présente un haut degré d'approfondissement et de réflexion personnelle.

3. La réflexion est-elle approfondie ?
10. Le problème est réellement affronté et creusé, les enjeux sont précisés au fil du devoir
9. Le raisonnement s'appuie sur des analyses manifestement personnelles, qui témoignent d'un authentique effort de réflexion philosophique.
8. Les références philosophiques ou culturelles sont maîtrisées et bien exploitées
2. La méthodologie de la dissertation est-elle acquise ?
7. Des références nourrissent la réflexion, des exemples précis la mettent à l'épreuve des faits.
6. Les idées sont justifiées et discutées avec rigueur
5. Les analyses et distinctions conceptuelles sont précises et servent la réflexion
4. La forme est respectée (intro, dev, ccl), le plan est structuré et progressif
1. Le sujet est-il bien compris ?
3. Enjeux qui montrent l'intérêt et l'étendue du débat
2. Un problème pertinent est aperçu et formulé
1. C'est bien le sujet qui est traité et non une question de substitution, et il est traité tout au long du devoir

Rédaction

Au brouillon, on n'a noté que les idées principales mais rien n'est rédigé. Il faut maintenant lier ces idées et les exposer avec clarté et concision.

Je préconise l'ordre de rédaction suivant (mais il y a des variantes, à chacun de voir ce qui fonctionne le mieux pour lui):

- Rédiger l'introduction au brouillon.

- Ebaucher immédiatement la conclusion au brouillon, pour s'assurer qu'elle répond directement au sujet et à la problématique énoncée dans l'introduction, mais également pour ne pas avoir à la bacler en fin d'épreuve, lorsqu'on est épuisé.

- Reprendre l'introduction au propre en la rendant aussi concise que possible.

- Rédiger le développement en suivant le plan préétabli, en soignant particulièrement les transitions, qui doivent manifester le lien logique, la nécessité du passage d'une thèse à la suivante, en rappelant clairement où se situe le raisonnement par rapport à la question posée dans le sujet.

- Enfin recopier et compléter la conclusion, en l'adaptant aux éventuelles idées surgies au cours de la rédaction.

- Relire, si possible deux fois, pour corriger les étourderies, l'orthographe et la syntaxe.

Il faut compter environ 40 minutes par partie, 20 minutes pour l'introduction, 10 ou 15 minutes pour la conclusion. Il faut réserver quelques minutes pour la relecture.

Avant le début de l'épreuve, on peut noter au brouillon les objectifs temporels (si l'épreuve commence à 8h on écrira: 9h: plan, 9h20 brouillon intro+conclusion; 9h30: intro propre ; 10h10: 1ere partie, 10h50: 2eme partie; 11h30: 3eme partie; 11h45: conclu), qu'on réévaluera à la fin de chaque étape (si on a été trop long pour rédiger la première partie, ce qui est fréquent, on saura qu'il faut accélérer voire raccourcir les parties suivantes).

Conclusion
Indication d'éventuelles conséquences pratiques ou théoriques (retour sur les enjeux)

S'abstenir des ouvertures du type "... mais ceci est une autre question!".

S'abstenir de faire remarquer au correcteur les éléments pertinents qu'on n'a pas examinés!

Réponse explicite et ferme à la question du sujet, en reprenant les termes du sujet et en les associants aux concepts élaborés au cours de la réflexion.

S'abstenir de critiquer la formulation du sujet en estimant que telle ou telle autre question aurait été plus intéressante.

S'abstenir de relativiser la valeur de son raisonnement en remarquant que ce serait de toute façon "à chacun son point de vue".

Reprise synthétique du raisonnement qui a permis de résoudre le problème

Un simple résumé est inutile, il s'agit surtout de souligner le fait qu'un problème a été soulevé et de rappeler brièvement comment il a été résolu.

Développement
Transition: Le problème est-il résolu ? La réponse au sujet est-elle satisfaisante ? Si ce n'est pas le cas, on indique en quoi consiste son insuffisance et quelle piste on s'apprête à explorer pour la dépasser.
Réformulation précise de l'hypothèse ou de sa négation, nourrie par la discussion et explicitement rapportée à la question du sujet

Il est important de bien montrer qu'on a le souci de répondre à la question du sujet.

Arguments (au moins 2) enchaînés logiquement, discutés, clarifiés par des exemples, nourris par des références.

Les arguments peuvent conduire ou bien à confirmer l'hypothèse, ou bien à la rejeter (l'approche critique est souvent appropriée pour une première partie, où l'hypothèse correspont à une opinion commune)

Pour renforcer un argument et montrer au correcteur qu'on réfléchit, il est opportun de lui trouver une objection à laquelle on sait répondre et qui donne l'occasion de gagner en précision.

Explication, fixation du cadre conceptuel: on précise en quel sens on interprète les principaux termes du sujet, donc en quel sens il faut comprendre l'hypothèse

On peut clarifier une interprétation en indiquant avec quelle autre interprétation il ne faut pas la confondre

C'est souvent l'un des termes du sujet qui sert de pivot pour passer d'une partie à l'autre, en passant d'une conception à une autre, qu'on estime plus juste. Cela peut impliquer une réinterprétation d'autres termes du sujet.

Formulation de l'hypothèse de réponse au sujet.
Pour chaque partie:
Introduction
Evocation du plan: sous formes de pistes à creuser et non déjà sous forme de réponses (facultatif)

L'annoce du plan donnant souvent lieu à une série de thèses que rien ne justifie à ce stade du devoir (sans parler de la lourdeur des formulations du style "dans un premier temps nous verrons que ..., dans un deuxième temps etc."), il est souvent préférable de l'éviter.

Le seul type d'annonce valable est l'annonce d'un ou deux points à élucider compte tenu du problème formulé plus haut, l'élucidation de ces points étant une condition à la possibilité d'une réponse cohérente.

Mais ne pas annoncer le plan suppose qu'il apparaîtra clairement dans le développement, avec des phrases de transition concises qui indiquent bien à quel étape du raisonnement on se situe et renvoient explicitement à l'intitulé du sujet (les termes principaux du sujet doivent autant que possible y être mentionnés).

Enjeux: prise de recul, mise en perspective de la réflexion
Formulation du problème, précédée ou suivie de l'intitulé exact du sujet

Il ne s'agit pas de reformuler le sujet, ni de le remplacer par une autre question, mais d'expliciter le problème sous-jacent.

Analyse des termes: définitions les plus simples et associations d'idées qui justifient que la question du sujet se pose effectivement.

On se borne aux définitions pertinentes et qui serviront directement à formuler la problématique, les précisions attendront le développement.

Accroche: stratagème rhétorique qui aiguise la curiosité du lecteur et suggère déjà un élément problématique qui motive la réflexion sur le sujet (facultatif, selon l'inspiration).

Préparation

La préparation au brouillon est la phase essentielle, que les élèves négligent trop souvent.

Les idées viennent difficilement en regardant au plafond, elles surgissent au fur et à mesure, au fil de l'écriture de toutes les idées qui nous passent par la tête, même les moins pertinentes en apparence. On se surprend alors à avoir de bonnes idées ou de bons souvenirs de cours qu'on croyait oubliés.

Pour une épreuve de 4h, il faut compter un minimum d'1h de préparation: 20 à 30 minutes pour l'analyse (étape essentielle qui pose tous les éléments qui seront seulement assemblés et précisés dans les étapes suivantes, il faut donc y passer tout le temps nécessaire, quitte à lutter 45mn ou 1h), 10 à 15 minutes pour la formulation d'une problématique, 20 à 30 minutes pour l'élaboration d'un plan progressif.

Elaboration d'un plan
Ebauche du contenu: prévoir au moins 2 arguments (nuancés, discutés) qui s'enchaînent logiquement, 1 exemple et 1 référence par partie
Organisation du plan: selon un ordre progressif, de l'hypothèse la plus élémentaire à celle qu'on estime la meilleure

On adhère sincèrement à la dernière hypothèse. Elle ne va pas de soi, ce n'est pas un lieu commun.

Transitions: il s'agit de justifier le passage d'une hypothèse à la suivante, passage logique qu'on doit avoir clairement à l'esprit et formuler au brouillon avant d'entrer dans le détail. (-> réponse partielle, qui n'atteint pas l'essentiel: insuffisance de son cadre conceptuel)

Une partie ne contredit pas la précédente: réinterprète et précise ce qui a été affirmé à partir d'un nouveau cadre conceptuel jugé plus juste.

La forme n'est pas forcément dialectique (oui, non, dépassement de l'opposition...): on peut bien discuter trois réponses affirmatives ou négatives, la forme dialectique est juste plus élégante.

Sélection de 3 hypothèses: qui seront discutées successivement dans les 3 parties du devoir

Un plan en 2 ou 4 parties n'est pas exclu, mais le meilleur équilibre est un plan en 3 parties:

- en 2 parties, le plan risque de prendre la forme non problématique d'une opposition pour/contre ou d'une simple contradiction oui/non

- en 4 parties, le temps risque de manquer pour développer précisément chaque idée

Hypothèses de réponse: à partir des différentes conceptions des termes dégagées dans l'analyse, formuler plusieurs hypothèses de réponse au sujet

Chaque hypothèse prend racine dans un cadre conceptuel qui lui est propre, càd une interprétation spécifique d'au moins l'un des termes du sujet

Chaque hypothèse répond au sujet en entier

Une hypothèse est une affirmation discutable, dont il s'agit de déterminer la vérité ou la fausseté

Problématisation
Identifier les enjeux: idées qu'il s'agit de remettre en question et états de faits qui pourraient être affectés par la prévalence de l'une ou l'autre hypothèse

Prosaïquement: il s'agit de rattacher la réflexion à des préoccupations qui passent pour concrètes et actuelles, l'ancrer dans la réalité.

Littéralement: ce qu'on risque de gagner ou de perdre en optant pour une réponse ou une autre.

Formuler l'opposition: exposer et confronter deux hypothèses vraisemblables à ce stade de l'analyse, insister sur leur incompatibilité ou le caractère paradoxal de leur coexistence.

Ou encore: l'opinion commune affirme que A, pourtant la conception B implique B', ce qui exclut A.

Du type: Si on admet la conception A (courante ou logique), alors conséquence A', pourtant on constate B' qui s'oppose à A' (ou est très différent, etc.), ce qui suppose la conception B.

Il est important de marquer syntaxiquement l'opposition et de montrer qu'elle repose sur l'esquisse d'un raisonnement (qu'il s'agira de mettre à l'épreuve dans le développement): on utilise pour cela des connecteurs logiques.

Repérer une opposition: à partir des données de l'analyse, dégager une opposition entre au moins deux hypothèses de réponse, toutes deux soutenables mais incompatibles
Analyse du sujet
Compréhension de la question: envisager ses différentes interprétations, retenir les plus pertinentes, écarter les questions "faux-amis" ou sans portée philosophique

La plupart des sujets portent sur une notion principale, sur laquelle le sujet incite à réfléchir en l'abordant par le biais d'une notion secondaire.

Cadrage conceptuel: distinguer 2 ou 3 conceptions de chaque terme, retenir les seules pertinentes
Réseaux conceptuels: par association d'idées spontanée, relier chaque terme à des termes apparentés (genre, attributs, synonymes, contraires, conséquences, etc.)
Prise en considération: tous les termes de la question sont considérés, même les plus innocents