MODULE 1. Epistémologie et méthodologie : aspects généraux de cadrage

Epistémologie - Définition

1.1.2. Différentes pensées : naturelle, sociale, complotiste et scientifique

1.1.3. Paradigmes et révolutions scientifiques

1.1.1. Epistémologie en recherche : premiers aspects fondamentaux de base (9)

Points-charnières de la recherche scientifique

a

1. L'exigence scientifique

2. Structuration de l’espace de recherche

Le tableau page 31 permet de visualiser l’ensemble des
étapes nécessaires à l’élaboration d’une recherche.
Nous constatons d’emblée que la démarche est circulaire.
Les lignes fléchées centrales, avec à leur point
d’intersection la validité de reliance (VR), signifient que
chaque étape doit être examinée dans son lien avec
toutes les autres.

Deux grandes séquences sont à envisager : d’une part,
il s’agit de construire l’objet de recherche, d’autre part,
il faudra réaliser celle-ci.

3. Construction de l’objet de recherche

Construire l’objet de recherche consiste à mettre en
place une série d’opérations qui vont permettre la
représentation conceptuelle de celui-ci. Sept opérations
sont nécessaires pour cette construction ; ce sont
elles qui serviront de guide à la seconde séquence de
la recherche, celle de la réalisation.

1. Problématique et question(s)

2. Paradigme

3. Revue de la littérature

4. Hypothèse ou référent

5. Concepts opératoires

Les hypothèses impliquent la mise en jeu de concepts.
Que recouvrent-ils comme signification ? Leur simple
définition ne suffit pas.

Le travail du chercheur sera alors de clôturer l’espace conceptuel qu’il va retenir dans sa recherche car un concept est le plus souvent polysémique.

Le chercheur doit donc opérer une sélection des dimensions et significations du concept en fonction des aspects de la réalité qu’il veut saisir.

6. Concepts théoriques

Les concepts opératoires retenus doivent alors être placés
dans un système de raisonnement qui relie entre eux des concepts ou des propositions.

il convient aussi de les intégrer dans un cadre de référence afin de rompre au mieux avec les fausses évidences et les préjugés

Sachons néanmoins qu’une théorie ne reflète jamais le
réel dans sa totalité. C’est pourquoi, il est souvent opportun de faire référence à plusieurs éclairages théoriques pour mieux cerner l’objet d’étude dans ses différentes facettes. Une telle démarche est appelée triangulation théorique.

7. Indices

Les indices font partie du monde réel qui est multiple et complexe. Nous avons souligné précédemment que le concept opératoire recouvrait de multiples dimensions qui ne sont pas toujours observables directement.

Les indices reconnus pertinents pour la recherche sont
retenus et constituent l’ensemble des indicateurs.

8. Indicateurs

Les indicateurs désignent un champ de réalité qui est extrait d’un ensemble plus vaste composé d’indices issus du monde réel. Les indicateurs forment donc la réalité maîtrisable d’un espace de recherche.

Sans les indicateurs, la recherche ne serait que pure spéculation.

4. Réalisation de la recherche

la construction de l’objet de recherche n’est pas pour autant achevée.

Effectivement, sur la base des résultats constatés lors de la réalisation de la recherche, le chercheur peut être amené à revoir les étapes de sa construction préalable qui elle-même entraînera d’autres types d’analyses et ainsi de suite jusqu’à une cohérence qu’il juge acceptable. C’est le phénomène de circularité que nous évoquions précédemment et qui retient toute notre attention ici. Huit points-charnières constituent le
passage obligé de la réalisation de la recherche.

5. Les étapes épistémologiques de la scientificité de
la recherche

il reste à définir la manière dont on peut juger la scientificité de la recherche.

Une question est soulevée : les critères de scientificité évoluent-ils en fonction de l’histoire des sciences humaines ?

Ici, nous nous interrogeons plus particulièrement sur les grandes étapes épistémologiques des critères de scientificité. Cette question confronte le chercheur en sciences humaines à l’impossibilité d’être exhaustif dans le domaine de la validité de la recherche.

Mais cette incomplétude fonde l’essence même des sciences humaines qui traitent toujours d’une matière traversée par l’histoire (l’homme) qui reste inachevée, hétérogène et donc «impure» (Ardoino et de Peretti, 1999).

6. La conception classique de la scientificité

1. Validités, fidélité et fiabilité

En règle générale, le caractère scientifique de la recherche repose sur la qualité des réponses qu’elle apporte.

L’épistémologie des sciences humaines définit classiquement quatre critères qui permettent d’évaluer la qualité des
réponses de la recherche.

2. La conception classique de la scientificité au sein des points-charnières de la recherche

12. La liberté de la recherche

11. Une épistémologie postmoderne

10. La validité de reliance

1. La conception classique de la validité

2. La démarche de la validité de reliance

la validité de reliance est essentiellement centrée sur la démarche de questionnement et son développement dans la recherche.

En effet, les points-charnières tels qu’ils ont été présentés constituent les étapes fondamentales du questionnement qui structurent la recherche. On s’interroge tant sur la manière de construire l’objet que sur la réalisation de la recherche elle-même

Les points-charnières de ces deux phases de la démarche scientifique sont des questions élémentaires de la recherche. Par exemple, le chercheur examine la problématique de sa recherche ; il s’interroge sur le paradigme à mettre en oeuvre ; au moment de l’analyse des données, il réfléchit aux différentes pistes de recherche possibles en fonction des choix méthodologiques et du type de données collectées.

Ainsi, l’examen de la validité de reliance permet d’abord de mettre en relief les alternatives principales face auxquelles le chercheur a été confronté au cours de son questionnement de recherche. Par cette opération, le chercheur réactualise le cheminement de son questionnement ; il repositionne les choix qu’il a effectués et qui ont orienté sa recherche en fonction des alternatives qui se présentaient.

Cette mise à plat du cheminement historique de la recherche que sont les étapes du questionnement permet ensuite au chercheur de mettre en oeuvre la validité de reliance. Celle-ci fait appel aux arguments qui contribuent à justifier la concordance entre les choix effectués par le chercheur aux différents points-charnières.
Ces arguments veilleront par exemple à montrer la correspondance qui existe entre les questions de la recherche, les hypothèses / le référent et les conclusions. Il sera également nécessaire d’argumenter la concordance entre les choix qui ont déterminé le type de paradigme, l’axe méthodologique et le mode d’analyse des données. L’examen de la validité de reliance met en jeu chacun des points-charnières de la recherche. Les exemples peuvent être multipliés et inclure tous les points-charnières. Une chaîne d’argumentation s’élabore et permet d’expliciter la correspondance de chacun d’entre eux. Cette chaîne d’arguments retrace l’historique de la recherche et examine
la concordance des étapes du questionnement du chercheur
.

3. La reliance

Sujet secondaire

La reliance s’oppose à la notion de déliance qui caractérise aussi bien le système social que la démarche scientifique issus du monde rationaliste moderne (Bolle de Bal, 1987). La pensée rationaliste est fondée sur une démarche analytique, objectivante (ou réifiante) et implique l’exclusion de toute subjectivité.

Toutefois, notre intérêt pour cette critique se situe dans
l’ouverture constructive et positive apportée par le concept de reliance
. Sur fond de déliance, Bolle de Bal prône une action de reliaison. La reliance représente la recherche d’une nouvelle alliance (Prigogine et Stengers, 1979), entre l’homme et la nature, entre l’homme et les sciences, entre les diverses sciences elles-mêmes, entre le système de l’observateur et le système observé, entre le chercheur et l’acteur.

A ce titre, la recherche-action constitue une réelle mise en oeuvre du concept de reliance car elle est attachée au développement des interactions entre le chercheur et l’acteur. La reliance « consiste à se lier pour relier » (Bolle de Bal, 1987, p. 585). Dans le domaine de la recherche-action, il s’agit de favoriser les liens entre les personnes afin qu’elles puissent se relier, se rassembler autour d’un but commun.

La reliance présente en recherche-action implique un
phénomène de rétroaction
: l’action produite par les personnes les transforme ; elle implique également
une causalité circulaire : l’action réalisée est à la fois
la cause et l’effet du changement ; enfin, dans la
reliance, il s’agit avant tout de re-lier ce qui est dé-lié :
l’action vise à réunir des personnes dont les liens sont
déconstruits.

Ces caractéristiques propres à la reliance peuvent être transposées dans le contexte des critères de scientificité de la recherche. Ils donnent ainsi naissance au concept de validité de reliance. Soucieuse d’une dynamique de reliance, cette validité s’inscrit dans une logique rétroactive : l’examen d’un point-charnière peut engendrer non seulement sa propre restructuration mais également un réaménagement en cascade de l’ensemble des autres étapes de la structure de recherche. La validité de reliance met également en oeuvre une causalité circulaire : la  réorganisation d’un point-charnière produit une réadaptation des autres étapes de la  structuration de la recherche dont l’aboutissement peut exiger de reconsidérer le point-charnière qui fut à l’origine du changement en cascade.

Enfin, la validité orientée par une démarche de reliance vise à re-lier ce qui est dé-lié. Deux exigences caractérisent la validité de reliance.

1. Chacun des points-charnières remplit un rôle fondamental dans la structuration de la recherche : aucun d’eux ne peut être considéré comme étant plus important que les autres. Accorder plus d’attention et de valeur à certains points-charnières, c’est risquer de surinvestir une partie du champ épistémologique tout en adhérant à une école de pensée (positivisme instrumental, recherche qualitative, recherche quantitative, herméneutique, phénoménologie,…).

2. La seconde exigence associée à la validité de reliance impose au chercheur de re-lier l’ensemble des points-charnières de la recherche. Chacun d’eux doit pouvoir être confronté et relié aux autres : tous les liens possibles doivent être examinés sans accorder de prépondérance à certains liens qui seraient privilégiés. Car ce type de privilège engendre l’apparition du phénomène d’école épistémologique et produit de la déliance en sous-estimant les enjeux de certains points charnières secondaires.

Lorsque l’exercice de confrontation de reliance est réalisé dans sa totalité, la structuration de l’espace de recherche apparaît comme une structure de sens : les points forts mais aussi les limites de la recherche sont clairement présentés ; l’articulation des points-charnières est explicite ; les rôles du chercheur et de l’acteur sont définis ; les enjeux de la recherche tant au sein de la communauté des chercheurs que dans la société sont mis en évidence. Ainsi, c’est l’historicité de la recherche et les étapes de son questionnement qui sont mises en exergue par l’intermédiaire de la validité de reliance.

9. Synthèse des critères de scientificité

Remarquons d’abord que la synthèse proposée est loin d’être complète car tous les types de validité n’ont pas pu être pris en compte. Sans vouloir être exhaustifs, nous avons avant tout souhaité présenter une articulation épistémologique des critères de scientificité.
Aussi, un certain nombre de critères pourrait être ajouté dans le tableau présenté.

Deux conclusions majeures s’imposent suite à l’observation
de la synthèse des critères de scientificité qui ont été décrits.

1. Certains points-charnières sont surinvestis par un certain nombre de ces critères : c’est le cas des indices, de l’instrumentation et des données ainsi que de l’interprétation des résultats. Un tel surinvestissement peut s’expliquer par l’historique des grandes étapes épistémologiques des sciences humaines. Dans la phase essentiellement expérimentaliste, les sciences humaines se sont évertuées à renforcer la validité du dispositif  expérimental. Ici, l’accent est mis sur l’instrumentation et les données.

L’ouverture des sciences humaines sur les courants herméneutique et phénoménologique suite au débat opposant la recherche dite quantitative à la recherche dite qualitative, engendre un développement des critères de scientificité. De nouveaux concepts (critiques, triangulation et validité de signifiance) apparaissent et donnent d’autres repères de scientificité aux points charnières déjà privilégiés dans la conception logico-expérimentaliste des sciences humaines. Ces critères de scientificité envahissent aussi d’autres étapes de la structuration de la recherche comme les indices et l’interprétation des résultats. Ces nouveaux concepts accompagnent un réaménagement de la démarche de recherche. Chercheurs et acteurs sont parties prenantes dans la construction de sens qu’est la recherche : il s’agit de pouvoir en maîtriser les tenants et les aboutissants dans les différentes étapes de la recherche. C’est un des buts fondamentaux des plus récents critères de scientificité.

2. D’autre part, le tableau synthétique permet  d’identifier un ensemble de points-charnières faiblement pris en compte par les critères de scientificité voire totalement désertés. C’est le cas de la problématique, du paradigme, de la revue de la littérature, des concepts opératoires et de la méthodologie. Ces étapes sont généralement traitées comme des paramètres imposés dans la recherche.

Or, chacun de ces points-charnières peut faire l’objet d’une argumentation contrôlée. Par exemple, une confrontation avec les autres points charnières permet de justifier la pertinence des choix relatifs à la problématique, au paradigme et à la méthodologie. En confrontant la problématique à la revue de la littérature, le chercheur peut être amené à redéfinir le problème et les questions de la recherche ; on peut soulever la question du choix du paradigme en fonction des hypothèses ou des référents de la
recherche ; on peut aussi s’interroger sur l’adéquation réelle entre la méthodologie adoptée et les instruments choisis.

La validité de reliance permet de remédier à ces lacunes. Elle propose d’examiner la qualité d’adéquation entre chacun des points-charnières de la recherche par leur confrontation. Elle ne constitue pas une solution englobante qui permet d’intégrer l’ensemble des autres critères de scientificité. Elle agit plutôt de manière complémentaire à ces critères. Enfin, la validité de reliance fait appel à une approche épistémologique fondée sur le  questionnement plutôt que sur une épistémologie de la réponse qui a longtemps prévalu dans l’exercice des sciences humaines.

8. Vers un élargissement des critères de scientificité

Dès la fin du 19ème siècle et le début du 20ème siècle, les  premières critiques s’élèvent à l’encontre des sciences humaines qui ont adopté une méthodologie de recherche expérimentaliste calquée sur le modèle des sciences exactes

L’homme est lié à des dimensions sociale, culturelle et historique que ne possède pas l’objet physique. Il existe en l’homme une construction de sens absente de l’objet matériel.

la méthodologie des sciences de la nature ne peut s’appliquer aux sciences humaines au risque de réduire l’homme à l’état d’objet

Dans les années 80, ce débat donne naissance à un élargissement des critères de scientificité de la recherche.

Ainsi, trois types de critères de scientificité font leur apparition dans le champ des sciences humaines

1. Le jugement critique

2. La triangulation

La dimension plurielle du comportement de l’homme oblige les sciences humaines à adopter une démarche relativiste : la multiplicité des points de vue permet de mieux cerner la complexité face à laquelle l’approche unique serait une voie plus stérile

Rendre compte de la richesse et de la diversité de l’homme
impose de multiplier et de conjuguer les modalités de la recherche.

Cette pratique est celle de la triangulation. Elle constitue aujourd’hui un critère de scientificité qui permet de prendre en considération la complexité de l’homme et la relativité des points de vue.

Plusieurs types de triangulation peuvent apparaître.
Nous en préciserons ci-après les caractéristiques. Nous
examinerons également les points-charnières de la
recherche qui sont concernés par les différents modes
de triangulation.

La triangulation au sein des points-charnières
de la recherche

Le concept de triangulation prend en considération la relativité des points de vue, nécessaire à l’examen de la complexité humaine : croiser et diversifier les approches permet de mieux cerner le comportement humain. La relativité des points de vue amène le chercheur à l’application de la triangulation sur plusieurs points-charnières.

La qualité et la diversité des indices sont mises en examen
par la triangulation des sources en multipliant les informateurs et les matériaux d’information.

La triangulation interne poursuit des objectifs similaires à la critique d’identité. La triangulation interne et la critique d’identité impliquent donc les mêmes points charnières pour les mêmes raisons.

La triangulation des observateurs concerne la qualité des données. Cette démarche qui vise à croiser la production
de plusieurs observateurs ou correcteurs peut être assimilée à la conception classique de la fidélité inter-juges.

Les triangulations méthodologique et théorique prises au sens strict concernent respectivement des points-charnières différents

La première est relative à l’instrumentation et à l’interprétation des résultats .

La seconde implique le croisement de diverses théories permettant de renforcer l’interprétation et la discussion des résultats

L’application de ces deux méthodes permet de développer
un éclairage multiple au cours d’une même étude.
Ces triangulations exercent toutefois un impact sur la
plupart des autres étapes dans la structuration de l’espace de recherche
. Par exemple, la triangulation méthodologique peut engendrer l’apparition de nouveaux indicateurs et de nouveaux concepts théoriques qui sont sous-jacents aux divers instruments auxquels il est fait appel. Ces multiples instruments viendront également enrichir les  données et leur traitement. L’interprétation des résultats sera également élargie.

Dès lors, une triangulation méthodologique aboutit inévitablement à transposer cette même démarche au niveau de plusieurs points-charnières. Cet effet de contamination se produit également dans le cas de la triangulation théorique.
Elargir le champ théorique implique l’apparition de nouveaux
concepts opératoires. La revue de la littérature sera étoffée et les hypothèses (ou les référents) pourront être reconsidérées. La triangulation théorique apportera aussi de nouvelles interprétations relatives aux résultats.

Très proche de la triangulation théorique, la triangulation par combinaison de niveaux concerne plus spécifiquement les concepts systémiques. Elle permet également de renforcer la validité de l’interprétation et de la discussion des résultats. Toutefois, les implications de cette démarche sont identiques aux conséquences qui peuvent être engendrées par la triangulation théorique.

Les triangulations temporelle et spatiale ont également des champs d’application bien spécifiques dans l’espace de recherche.

La triangulation spatiale touche essentiellement les points-charnières suivants : la population, les concepts théoriques, l’instrumentation, la discussion des résultats, la synthèse et les conclusions. Il s’agit essentiellement d’examiner les répercussions de la modification d’une population sur d’autres points-charnières.

La triangulation temporelle concerne les données, l’interprétation et la discussion des résultats ainsi que la synthèse et les conclusions. Dans ce cas, le chercheur est amené à observer la stabilité ou l’instabilité au sein de ces différents points-charnières en fonction du temps. Au-delà de l’application stricte de ces deux triangulations, force est de constater que tous les points-charnières sont susceptibles d’être réexaminés à l’issue de chacune de ces deux démarches, car il s’agit bien dans ces deux exemples de triangulation de mettre à l’épreuve toute la structuration de l’espace de recherche confrontée aux mouvances qu’impose le cadre spatio-temporel.

Sujet secondaire

Sujet secondaire

Sujet secondaire

3. Les prétentions à la validité

7. La scientificité de l’instrumentation

L’instrumentation présente dans la démarche logicoexpérimentale exercera également un rôle prépondérant
dans les sciences humaines.

L’instrument (le questionnaire, le test, l’activité expérimentale à laquelle est soumis le sujet) permet la récolte de données.

La qualité de ces observations qui fondent la recherche, est essentiellement liée à la qualité scientifique de l’instrument.

Pour cette raison historique, les critères de scientificité de la recherche ont longtemps été focalisés sur la qualité de l’instrumentation.

1. Les critères de validité instrumentale

2. La validité instrumentale au sein des points charnières de la recherche. Les différents critères de validité instrumentale qui ont été développés se rapportent tous au point-charnière que constitue l’instrumentation. Plus précisément, chacun de ces critères examine la validité de l’instrument sous l’angle d’un autre point-charnière : il s’agit de vérifier l’adéquation de l’instrument aux autres étapes déterminées dans la recherche.

Ces diverses modalités de contrôle consacrées à la dimension scientifique de l’instrument montrent combien les sciences humaines ont été polarisées par l’aspect technique et expérimental de la recherche

L’instrument qui génère les données se trouve au cœur du processus expérimental. Pour sauvegarder l’intégrité de ce processus, il s’agit de mettre en œuvre un ensemble de critères permettant de garantir la scientificité instrumentale de la recherche. Certes, une telle démarche ne peut que favoriser les qualités métrologiques des sciences humaines, mais simultanémentelle aboutit au surinvestissement du pôle instrumentalde la recherche.

Ce surinvestissement tend alors à faire croire que la scientificité d’une recherche est essentiellement déterminée par la qualité de son instrumentation. Deux conséquences majeures sont engendrées par ce phénomène.

1. D’une part, l’accent mis sur l’outil tend à minimiser l’importance de l’examen de la scientificité des autres points-charnières de la recherche. Or, les critères de validité, fidélité et fiabilité s’exercent autant sur l’instrument et les données qu’il engendre que sur la problématique de la recherche, son paradigme, ses hypothèses ou son référent, ses concepts opératoires et autres points-charnières. Chaque étape de la construction de la réalisation de l’étude est susceptible d’être examinée sous l’angle des critères de scientificité. Cet examen constitue un préalable nécessaire à l’application du critère de validité de reliance qui permet une structuration coordonnée de l’espace de recherche.

2. D’autre part, la focalisation sur la qualité métrologique d’une étude accentue le caractère instrumental et objectivant des sciences humaines qui perdent ainsi leur dimension proprement humaine, c’est-à-dire culturelle et historique. Les débats entre la recherche dite quantitative et la recherche dite qualitative ont permis de remettre en cause le monopole de la qualité instrumentale comme critère de scientificité.

Au sens large, l'épistémologie (du grec ancien epistếmê «connaissance" et logie ou étude) désigne l'étude critique des sciences, des conditions de production de connaissances scientifiques.

Tout chercheur, même et surtout débutant(e), doit s'approprier et appliquer les principes généraux et fondamentaux de l'épistémologie.

C'est donc un des objectifs majeurs de cette séquence 1.1.