Questions possible à l'oral
Quelles sont les différentes critiques présentes dans « le chat, la belette et le petit lapin » ?
En quoi cette fable est-elle un apologue ?
Comment est traitée l’idée de justice dans cette fable ?
Comment La Fontaine s’y prend-il pour faire passer son message ?
En quoi cette fable propose-t-elle une réflexion sur le pouvoir ?
Le chat, la belette et le petit lapin
Aux enjeux serieux
Des personnages allégoriques
Le chat, troisième personnage de la fable qui n’intervient qu’à la fin, a pourtant une place privilégiée dans le titre : c’est un personnage important dans le récit, puisque c’est lui qui aura le dernier mot.
C’est un portrait très négatif qui est montré de ce personnage, pourtant représentant de la loi (« juge », « arbitre expert ») et du clergé (« dévot ermite », « bon apôtre ») dans la fable.
Le lapin, lui, est « jeune » et se montre naïf : il ne remet pas en cause l’ordre établi et se contente de suivre la coutume sans se poser de question.
La belette « est une rusée », elle se montre audacieuse et fait face au lapin, pourtant mieux né qu’elle.
Un conflit argumenté
La Fontaine utilise pour le débat des deux adversaires différents types de discours :
On observe ici trois rythmes binaires qui se succèdent
fils/neveu, Pierre/Guillaume, Paul/moi
La belette utilise de nombreux parallélismes qui structurent son discours
A Jean fils ou neveu de Pierre ou de Guillaume / Plutôt qu’à Paul, plutôt qu’à moi
Le lapin s’exprime avec grandiloquence et noblesse, comme le veut son titre de « Maître »
Indirect libre
C’était un beau sujet de guerre / Qu’un logis où lui-même il n’entrait qu’en rampant » : ce sont les paroles de la belette qui sont rapportées
Indirect
La Dame au nez pointu répondit que
Direct
(prises de parole avec verbes d’introduction : « Dit le lapin chassé du paternel logis »
La question de la propriete
Dans « Le chat, la belette et le petit lapin », l’objet du litige peut se résumer ainsi : le lapin quitte son logis belette en profite pour prendre sa place ; elle ne reconnaît pas le droit de propriété du lapin.
On assiste donc à une confrontation entre deux points de vue opposés
La Belette défend la loi du « premier occupant », le droit de celui qui arrive le premier;
Le lapin lui oppose « la coutume et l’usage » qui ont assis l’héritage comme mode de transmission de la propriété
Une satire politique et sociale
Une critique indirecte du pouvoir royal
Roi explicitement assimilé au chat: "sa majesté"
Chat: juge suprême
Le chat abuse de son pouvoir pour croquer les deux adversaires
Sujet secondaire
L'absence de justice?
Il y a certes une justice dans la fable, mais elle est dépeinte de manière extrêmement négative.
Se finit par la violence donc pas de justice
Belette
Légitimité de l'héritage
Jugement du chat
Faux dévot, hypocrite et rusé,profite de la naïveté de la belette et du chat pour se remplir la panse et servir ses propres intérêts.
Des courtisans tournés au ridicule
Courtisans racaillés de la fable
Morale très explicite
La Fontaine se moque des conflits entre « petits seigneurs » qui, incapables de se mettre d’accord, font appel au roi pour régler leurs problèmes.
Tout comme Jean Lapin, ces personnes nobles ne remettent pas en question leurs privilèges (notamment la propriété, qui leur est transmise) et se conforment à l’usage.
Avec l’image du courtisan en tête, le vers « Après qu’il eut brouté, trotté, fait tous ses tours » ne manque pas de charme, si l’on applique aux manœuvres et intrigues des membres de la Cour pour s’attirer les faveurs du roi
Jean lapin lorqu'il se fait voler son "palais" parce qu’il est parti « faire à l’Aurore sa cour ». Louis XIV étant surnommé le Roi Soleil, il est aisé de faire le rapprochement avec « l’Aurore », et le mot « cour » est explicite.
Un conte ludique
Les jeux de langage
Le chat est lui aussi sujet de nombreux jeux de mots ; il est ainsi désigné par l’expression « sa majesté fourrée », ce qui renvoie à l’expression « chat fourré »
La grandiloquence de Jean Lapin
« O Dieux hospitaliers, que vois-je ici paraître ? »
Un effet burlesque est également créé lorsque la demeure du lapin, simple terrier, devient un « palais » dans le vers un.
Ce texte contient de nombreux jeux de mots, notamment dans les différentes dénominations des personnages qui créent un effet comique par le contraste entre la noblesse des désignations et leur identité réelle.
le lapin est dénommé tour à tour « maître et seigneur », « Jean Lapin » mais aussi « Janot Lapin », « Janot » étant le diminutif affectueux de Jean.
Ainsi, la belette est appelée « Dame Belette », « Madame la Belette », « la Dame au nez pointu » alors qu’elle n’est qu’une voleuse
La rapidité de l’action
Transition : Grâce à ses procédés de narration, la Fontaine fait de cette fable un récit plaisant au rythme enlevé et aux allures de conte, qui traduit en quelques vers la confrontation sérieuse qui oppose la belette et le lapin.
Les effets de rythmes sont encore renforcés par les rejets et les enjambements
« La Dame au nez pointu répondit que la terre / Etait au premier occupant. »
Les verbes de mouvement sont d’ailleurs très présents dans la fable :
« porta », « était allé », « trotté », « fait tous ses tours », « retourne », « déloge », etc.
Ainsi, la première partie de la fable est une succession de mouvements rapides, qui participe à la vivacité du récit
Dès les premiers vers, le lecteur est plongé dans l’action, puisque l’élément perturbateur intervient dans la première phrase. Le verbe « s’empara », au passé simple, indique une action rapide.
Diversité du schéma de rimes et de mètres
Cette variété contribue également à l’aspect ludique de la fable.
Rimes embrassées
aisée / jour / cour / rosée
Des rimes croisée
terre / occupant / guerre / rampant
Le schéma des rimes est lui aussi irrégulier, puisque l’on trouve à la fois des rimes suivies
les deux premiers vers, par exemple : lapin / matin)
La Fontaine utilise des alexandrins pour le passage narratif qui suit, jusqu’à la prise de parole du lapin en octosyllabes, qui révèlent sa surprise et sa colère :
« O là, Madame la Belette, / Que l’on déloge sans trompette »
Le rythme de la fable est irrégulier, ce qui donne au récit une impression de vivacité.
La Fontaine alterne les alexandrins et les octosyllabes ; la fable est donc hétérométrique
(les vers n’ont pas tous les mêmes nombre de syllabes).