Les politiques de l'emploi se concentrent sur la lutte contre le chômage keynésien, qui est conjoncturel et découle d'une situation de sous-emploi dans l'économie. Pour y remédier, il est essentiel de mettre en œuvre des politiques de relance par la demande.
Les politiques de formation ont également un rôle important à jouer dans le domaine de l'emploi. Elles constituent un bon exemple d'activation des dépenses passives de traitement du chômage. Les politiques de formation permettent d'améliorer la qualification des travailleurs. Leurs objectifs sont de :
Renforcer l'employabilité, notamment des plus jeunes (le diplôme reste un rempart contre le chômage)
Améliorer la compétitivité des entreprises en formant une main-d'œuvre qualifiée et productive
Faciliter l'ajustement entre offre et demande de travail, par exemple en formant des chômeurs aux nouveaux emplois qui se développent dans les services, ou en aidant à la maîtrise des nouvelles technologies.
Le chômage keynésien est conjoncturel, lié à une situation de sous-emploi dans l'économie. Afin de lutter contre ce chômage, il faut donc mettre en œuvre des politiques conjoncturelles de relance par la demande, en agissant sur ses deux leviers majeurs : la consommation des ménages et l'investissement des entreprises. Cette relance de la demande ne peut se faire, selon Keynes, sans l'action volontariste de l'État.
Politique de relance budgétaire : en augmentant ses dépenses par le biais des investissements publics ou encore des dépenses de protection sociale, l'État actionne le mécanisme du multiplicateur d'investissement qui engendre une vague successive de revenus permettant de soutenir la demande globale.
Politique de relance monétaire : l'État doit diminuer les taux d'intérêt afin d'inciter les agents économiques à emprunter, afin d'investir et de produire plus, ce qui induit des revenus supplémentaires et une hausse de la demande.
J.-M. Keynes a critiqué l'analyse libérale des néoclassiques. Keynes montre qu'il peut exister un équilibre de sous-emploi, c'est-à-dire une situation durable dans une économie où des facteurs (capital et travail) sont disponibles mais restent inemployés. Il existe alors du chômage involontaire. En effet, pour Keynes, le niveau de production dépend de la demande effective, qui est la demande anticipée par les producteurs et sur laquelle ils se basent pour fixer leur niveau de production. Si, suite à un événement quelconque, les producteurs deviennent plus pessimistes quant à la demande qui leur sera adressée dans le futur, ils diminuent leurs capacités de production, et licencient des travailleurs. Ceux-ci se retrouvent donc au chômage, et sans salaire, ils ne peuvent plus consommer. Cela provoque une diminution de la demande globale, ce qui conduit les entrepreneurs à maintenir leurs prévisions pessimistes et un niveau de production bas, donc à ne pas réembauche
L'efficacité de la réduction des coûts du travail est cependant remise en cause par plusieurs phénomènes :
Effet d'aubaine : une entreprise peut embaucher un chômeur à moindre coût, par exemple avec un contrat aidé, alors qu'elle l'aurait de toute façon embauché parce qu'elle en avait besoin.
Effet de substitution : les contrats aidés sont ciblés sur certaines catégories de travailleurs. Elles les avantagent donc relativement au détriment d'autres catégories de travailleurs. De plus, les diminutions des coûts salariaux profitent généralement aux emplois peu qualifiés, ce qui dessert la productivité et nuit à la compétitivité des entreprises.
Coût élevé : ces mesures représentent une perte de recettes pour l'État (notamment lorsqu'il diminue les cotisations patronales), ce qui pèse sur les dépenses publiques.
Effet pervers : ralentissement du pouvoir d'achat puisque la baisse du coût salarial par une diminution des salaires pèse sur la consommation, donc la production des entreprises, et par là sur l'emploi. Il peut donc y avoir un effet pervers qui fait que l'économie s'enferme dans une situation où la production et l'emploi sont faibles.
Au sein de la catégorie des dépenses actives, des controverses existent pour savoir quelles mesures concrètes seraient efficaces pour augmenter le volume d'emploi. Ces controverses sont politiques, mais aussi économiques, car tous les économistes ne font pas la même analyse du chômage. On distingue traditionnellement trois grands types d'explication du chômage, qui peuvent correspondre à différentes caractéristiques des économies ou à différentes époques. Selon le type de chômage considéré, des politiques différentes doivent être adoptées pour le traiter.
Le chômage dit "classique" est soit temporaire (chômage "frictionnel"), soit volontaire (les chômeurs considéreraient que le salaire proposé est trop bas). Il repose sur le jeu de l'offre et de la demande sur le marché du travail.
Le chômage dit "keynésien" est un chômage de long terme et involontaire, qui s'explique par un niveau d'activité économique trop faible.
Le chômage "structurel" renvoie à une inadéquation entre la demande et l'offre de travail. Il peut s'expliquer par le caractère trop rigide du marché du travail qui ne parvient pas à apparier les deux.
On distingue deux grandes catégories de politiques de l'emploi, qui visent à réduire le chômage et ses effets.
Les politiques passives, qui ont pour but de diminuer les effets du chômage (par exemple les mesures d'indemnisation des chômeurs) et de mieux répartir l'emploi sans augmenter son volume global (par exemple en diminuant le temps de travail légal ou en diminuant l'âge de départ à la retraite).
Les politiques actives, qui ont pour but d'augmenter le volume total d'emploi. Elles consistent à promouvoir la création d'emplois, à accroître l'activité globale, à mieux former les chômeurs pour qu'ils retrouvent un emploi, à améliorer le fonctionnement du marché du travail pour que l'offre et la demande de travail soient plus adéquates, etc.
L'emploi et le chômage
De nombreuses études ont montré que les conséquences du chômage ne sont pas seulement monétaires et économiques, mais aussi sociales.
Robert Castel a mené une analyse de la société salariale et de son effritement dans la France contemporaine. Ses travaux montrent que la situation des individus dans le monde du travail est un élément déterminant pour comprendre l'intégration ou l'exclusion sociale. Il montre que l'exclusion est un processus social et non un état, et que ce processus passe par des situations de précarité et de chômage. Il détermine trois situations possibles pour les individus, qui peuvent aussi être des phases du processus d'exclusion
Le travail est valorisé dans la société et valorisant pour les individus, car il est à la fois une source légitime de revenus et à la fois, une norme nécessaire à la reconnaissance sociale.
Dans les sociétés contemporaines, l'emploi est une forme institutionnalisée du travail. Il apporte au travailleur une garantie de ressources matérielles, mais aussi symboliques. En effet, le salarié se voit garantir un revenu (le salaire), mais aussi une certaine position sociale. Celle-ci consiste en un statut reconnu par la société.
L'Insee définit le "halo du chômage" comme l'ensemble "des personnes qui souhaiteraient travailler, mais qui ne sont pas classées comme chômeurs". Elles peuvent être classées comme inactives (par exemple si elles n'ont pas activement recherché un emploi récemment) ou actives (si elles ne travaillent que quelques heures par semaine mais cherchent un emploi à temps complet).
Le chômage désigne l'état des personnes sans emploi, disponible pour travailler et recherchant activement un emploi.
En matière de mesure du chômage, il existe deux grands indicateurs :
L'INSEE mesure le chômage défini au sens du BIT (Bureau international du travail). Les chômeurs sont les individus sans emploi (les activités même très courtes sont exclues), disponibles pour travailler et recherchant activement un emploi (les chômeurs doivent préciser la nature de l'emploi cherché et les démarches effectuées). Ces données sont trimestrielles.
Pôle emploi mesure le chômage par l'intermédiaire des DEFM (Demandeurs d'emploi en fin de mois), qui sont les personnes à qui des allocations chômage sont versées. Depuis 2008, seuls les chiffres des demandeurs de la catégorie A sont publiés (ceux qui n'ont pas du tout travaillé pendant le mois précédent).
La croissance de l'emploi au cours de la seconde moitié du XXe siècle en France s'est accompagnée d'une évolution de la structure des emplois.
L'emploi est de plus en plus féminin. 65 % des emplois étaient masculins en 1970, contre 52 % en 2012.
L'emploi est de plus en plus salarié. 80 % des personnes en emploi étaient salariées en 1970, elles sont plus de 90 % en 2012.
L'emploi est de plus en plus localisé dans le secteur tertiaire. Les services représentaient la moitié des emplois en 1970, ils en représentent 80 % en 2012.
L'emploi prend aussi de plus en plus des formes atypiques. En effet, l'emploi est une situation juridique encadrée par des normes d'emplois qui régissent les conditions de travail. En France, la loi énonce que "le contrat de travail à durée indéterminée (CDI) est la forme normale et générale de la relation de travail". Il existe cependant des exceptions à ce type de contrat, notamment l'emploi par intérim, le contrat de travail à durée déterminée (CDD) ou le stage.
La population active comprend l'ensemble des personnes ayant un emploi et les chômeurs, c'est-à-dire les personnes sans emploi, cherchant activement un emploi et étant disponibles pour travailler.