jonka Bluteau Marie 5 vuotta sitten
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S’il s’agit de résister aux sirènes de la modernité, nous pouvons considérer que chaque association MFR est libre d’introduire ou de ne pas introduire un outil tel que la plateforme W-@lter dans l’environnement pédagogique de ses publics en formation.
Lorsqu’une association fait le choix d’investir l’outil numérique, institutionnel ou non, au-delà des raisons qui fondent son choix, se pose la question de l’accompagnement des membres de son équipe, afin que chacun puisse progresser pas à pas, à partir de là où il en est en terme de représentations et d’habiletés. Un risque de clivage entre les capables et les incapables ou encore entre les modernes et les anciens existe. Nos rencontres, lors des accompagnements sur site, nous ont indiquées qu’il n’y a pas de réticence à faire évoluer les pratiques pédagogiques mais qu’un fort besoin d’accompagnement individuel et collectif est à prendre en compte.
S’il existe une relative liberté de choix quant à l’éducation par le numérique en pédagogie, l’éducation au numérique s’impose à nous. Une éducation globale au fait numérique qui inonde notre société. Nos publics sont inexorablement impliqués dans l’écosystème numérique mondial qui n’est pas animé par un ensemble de philanthropes. Au regard des valeurs défendues par notre mouvement pour les personnes accompagnées, les enjeux d’une éducation développant les capacités et habilités pour des usages éclairés et émancipés du numérique sont prégnants. Cela participe de l’idée d’éducation à la citoyenneté défendue par le mouvement des MFR.
L’année 2017-2018, première étape de mise à la disposition de l’ensemble des acteurs de notre réseau de la plateforme W-@lter, constitue un enjeu pédagogique et éducatif pour notre mouvement. Nous souhaitons que les éclairages apportés par ces deux années d’expérimentation, grâce à l’implication des pilotes, permettent de nourrir la mise en œuvre de nos ambitions pédagogiques et éducatives partagées.
Votre avis
Les observations réalisées, confirmées par l’expression des pilotes, font apparaitre très clairement que l’introduction de w-@lter dans la pratique pédagogique impacte de manière significative la manière d’exercer le métier de moniteur.
L’outil W-@lter offre de véritables potentialités de collaborations internes à l’équipe éducative, la gestion des transversalités pédago-éducatives est considérablement facilitée.
Cependant, si la culture du partage de l’information et des outils semble être une composante identitaire des équipes de MFR, l’introduction d’une plateforme numérique dans les environnements de travail nécessite d’élaborer de nouvelles pratiques collaboratives, cohérentes et rigoureuses. Les expérimentateurs ont souvent recueilli l’adhésion de principe de leurs collègues et déploré que cette adhésion ne soit pas suivie d’effets. Des freins ont été identifiés pouvant être liés notamment à l’absence d’une politique fédératrice et de moyens (allocation de temps, formation-accompagnement).
L’usage d’outils numériques dans l’exercice de la pédagogie et de l’éducation oblige à développer des compétences spécifiques actuellement détenues par peu de moniteurs. Les champs de compétences repérés sont :
o Connaissance des enjeux pédago-éducatifs
o Ingénierie pédagogique
o Education à la citoyenneté numérique
o Pratiques collaboratives de réseau
o Environnements numériques : fonctionnalités, classement de l’information, gestion des droits, cadre juridique et principes éthiques…
Les expérimentateurs sont unanimes pour dire qu’utiliser une plateforme pédagogique induit inexorablement une adaptation, voir un renouvellement de ses outils didactiques. Outils didactiques, eux-mêmes au service d’une démarche pédagogique qu’il convient souvent de revisiter.
En amont de ce travail un temps est nécessaire pour s’approprier les mécanismes et les potentialités techniques de la plateforme en conformité avec ses intentions pédagogiques. La démarche pédagogique construite est issue d’une double entrée : « les activités et les transformations que je vise, chez la personne» et, « ce que les outils me permettent ».
A priori, il est aisé d’imaginer qu’une plateforme numérique puisse fluidifier l’échange d’informations entre l’équipe pédagogique et les partenaires de la formation, en l’occurrence les professionnels maîtres de stage ou d’apprentissage (numérisation des livrets de stage, carnet de liaison, livret de compétences…). Les quelques expérimentations menées sur cet axe montrent la complexité à introduire ces outils auprès des partenaires. Si certains milieux professionnels ont une pratique d’outils numériques d’échange d’informations (médical, paramédical), d’autres en sont très éloignés et, dans tous les cas, reste la nécessité d’accompagner les partenaires à l’usage de la plateforme W-@lter.
De nombreuses expérimentations ont montré comment l’outil W-@lter permet de se distancier de la posture de « sachant» pour être davantage celui qui anime une séquence d’apprentissage en se plaçant en accompagnateur disponible à ses apprenants, eux-mêmes travaillant individuellement ou collectivement sur la plateforme. Ainsi, les alternants apprennent à trouver, fabriquer, gérer de l’information, le moniteur est alors une « ressource méthodologique » au service d’une démarche consistant à apprendre à apprendre (principe de la métacognition). Le travail du moniteur est moins de diffuser de l’information que de permettre d’apprendre à se procurer de la bonne information et à être capable de la transformer en apprentissages. Les technologies numériques en décuplent la faisabilité. Construire sa pédagogie en intégrant l’usage d’une plateforme numérique est alors une opportunité pour redonner du souffle à l’ambition institutionnelle des MFR consistant à développer la capacité à réaliser des apprentissages de manière autonome.
Les outils d’expression et de collaboration en ligne (blog, forum, wiki, parcours, …) ouvrent un nouveau champ des possibles en matière de démarches pédagogiques.
Le renouvellement des modalités de circulation et de stockage de l’information transforment les usages habituels. Introduire W-@lter dans sa pédagogie s’accommode mal d’un simple transfert de support. Ce type de changement nécessite de reconsidérer en profondeur son ingénierie pédagogique.
Pour une majorité des apprenants (65%), l’introduction de l’outil W-@lter développe un meilleur rapport aux apprentissages. Ce gain de motivation chez l’alternant, à l’origine de comportements plus positifs et plus responsables, engendre un surcroit de motivation professionnelle chez le moniteur.
W-@lter s’avère être un outil pertinent au service de la mise en œuvre de la pédagogie de l’alternance des MFR. Certaines expérimentations, pleinement situées dans une démarche pédagogique de type alternance intégrative, ont montré combien une plateforme numérique offre de nouveaux moyens pour réaliser collectivement des apprentissages individuels à partir d’investigations personnelles menées sur des terrains d’expériences décentrés de l’école.
Mettant à disposition des apprenants des matériels supports d’apprentissages, le moniteur, moins occupé à transmettre « faire cours », devient davantage disponible pour accompagner individuellement les apprenants. Ceux-ci constatent une plus grande disponibilité du moniteur et donc des relations plus étroites entre alternants et moniteurs ainsi qu’un meilleur accompagnement méthodologique. Les travaux collaboratifs semblent générer des relations plus positives entre alternants.
Le fait que des productions (individuelles ou collectives) soient visibles sur un support qui s’apparente à un site et que les modes d’expression dépassent l’écriture manuscrite (photo, vidéo, carte mentale…) participe d’un sentiment de valorisation personnelle.
Situé dans la culture des digital natives, l’usage d’internet, d’écrans et claviers, de vidéos et serious games ainsi que de quiz et autres outils, donne un caractère ludique à certaines activités d’apprentissage.
L’apprenant peut davantage travailler à son rythme, développer des pratiques d’autoévaluation et approfondir ses apprentissages par l’exploration de documents complémentaires proposés par le moniteur.
Au-delà des freins, pour envisager un développement heureux de pratiques pédagogiques assistées d’une plateforme numérique, les animateurs du DNOP ont repéré quelques points de vigilance:
o Le gain de motivation observé chez les apprenants, essentiellement attribué à l’effet de nouveauté induit par l’introduction du numérique en pédagogie pourrait tendre à s’estomper avec le temps. La question : « quelle plus-value pédagogique génère l’usage d’une plateforme dans ma pédagogie ? » doit constituer un leitmotiv de travail.
o Il convient de considérer que les outils numériques prennent place dans une diversité d’outils pédagogiques et de ne pas oublier la faible minorité d’apprenants qui, réfractaires au numérique, ne tirent pas ou peu de profit de l’introduction du numérique dans leur environnement pédagogique.
o La plateforme W-@lter ne constitue pas l’alpha et l’oméga de l’usage du numérique éducatif en MFR. Cependant, il convient de veiller à ce que les apprenants trouvent leurs repères dans la diversité des outils mobilisés par l’ensemble de l’équipe pédagogique.
Les usages situés dans l’alternance doivent respecter l’équilibre entre ruptures et continuités afin d’éviter que les alternants développent le sentiment de vivre en relation permanente avec leurs moniteurs.
Avant de situer les usages de W-@lter dans l’alternance, il convient de mobiliser la plateforme en présentiel d’abord afin de pouvoir accompagner la montée en compétence d’usage de l’outil chez les alternants.
L’hétérogénéité des publics en termes d’habileté et de motivation à l’égard des technologies numériques doit être identifiée et prise en compte.
L’efficacité et la plus-value pédagogiques générées sont liées à la qualité des préparations en amont des activités réalisées sur la plateforme. L’objectif, la démarche, les outils doivent être travaillés finement pour ne pas prendre le risque de produire un simple bricolage technologique.
Introduire PAS à PAS l’usage de W-@lter et du numérique dans sa pédagogie. Trop d’ambition au départ nuit à la qualité des résultats ultérieurement obtenus.
L’animation du dispositif d’expérimentation et l’accompagnement des pilotes a permis d’identifier deux freins importants relevés avec une très forte occurrence
Avis
L’introduction de l’outil W-@lter dans les pratiques pédagogiques crée un besoin de temps de trois natures différentes :
- temps d’appropriation de l’outil par autoformation, formation entre pairs et formation par dispositif externe. Il s’agit de développer des habiletés techniques professionnelles.
- temps de conception de démarches pédagogiques et d’outils au service de ces démarches
- temps d’animation pédagogique visant à former les alternants à l’usage de W-@lter
Dans un contexte où les contraintes économiques génèrent une recherche d’efficience immédiate, le temps de l’investissement dans des évolutions pédagogiques s’avère rare et de nombreux « pilotes » ont pu éprouver une forme d’injonction paradoxale explicite ou implicite qui voudrait qu’ils soient capables de satisfaire, à la fois aux exigences économiques et aux ambitions d’innovation pédagogique.
Qu’il s’agisse du flux disponible à la MFR ou au domicile des alternants, l’insuffisance de débit internet génère de la contreperformance pédagogique. A la MFR, c’est du temps de perdu, un moniteur qui risque le discrédit et une séquence qui devient vite houleuse. Au domicile des alternants, c’est aussi du temps de perdu, une dépréciation de l’effort de travail personnel et le risque d’un quiproquo entre l’alternant et le moniteur qui peux mettre en doute la bonne fois de l’apprenant, suspectant un prétexte au manque de sérieux.