作者:Fabrice Gallet 7 年以前
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La dissertation est avant tout un exercice. Elle a ses règles propres, qu'il faut connaître et respecter, afin d'en tirer les bénéfices pédagogiques sans trop souffrir des inconvénients (les mauvaises notes, le découragement, mais surtout le sentiment d'une pensée fermée, étriquée, artificielle). Si l'on admet les limitations de l'exercice tout en remarquant la liberté qu'il laisse à celui qui s'y exerce, et si l'on prend conscience des principaux attendus et des compétences à développer, cela peut prendre la forme d'un jeu intellectuel, où il s'agit de résoudre une énigme et surtout de montrer qu'on est capable de rassembler des indices et des preuves pour la résoudre.
On ne peut pas attendre d'un élève de Terminale qu'il apporte une solution miracle à un problème philosophique fondamental, mais seulement qu'il l'exprime clairement, qu'il en aperçoive les enjeux au-delà des jeux de mots et qu'il défende une manière possible d'en concevoir les termes afin de proposer une réponse cohérente.
Autrement dit, une dissertation consiste, à partir d'une question, à:
- dégager un problème philosophique et en exposer les différents enjeux,
- élaborer un raisonnement ordonné qui consiste à discuter une série d'hypothèses de réponses vraisemblables pour établir quelle est la plus pertinente.
Puisque ce n'est qu'un exercice, mais un exercice noté qui compte pour le bac, il faut en apprendre les règles. Comme pour tout exercice de même que pour tout jeu, la répétition est nécessaire afin de pouvoir suivre les règles avec l'aisance qui permet au bon joueur d'ajouter sa pointe d'originalité et de ne plus se sentir contraint.
Les trois questions et les critères corrélatifs guident aussi bien l'évaluation par le professeur que l'auto-évaluation de l'élève au fil de la rédaction de sa copie et lors de sa relecture.
De manière très générale (chaque sujet, chaque groupe de copies et chaque copie constituent un cas particulier), les notes se répartissent de la manière suivante:
- Une très mauvaise copie (moins de 5) ne répond pas à la plupart des critères des questions 1 et 2.
- Une copie insuffisante (entre 5 et 10) a de trop sérieuses lacunes soit dans la compréhension du sujet (hors sujet) soit au niveau de la méthode.
- Une bonne copie (entre 10 et 15) répond favorablement à deux des trois grandes questions.
- Une excellente copie (au delà de 15) satisfait avec maîtrise et clarté à la plupart des critères et surtout présente un haut degré d'approfondissement et de réflexion personnelle.
Au brouillon, on n'a noté que les idées principales mais rien n'est rédigé. Il faut maintenant lier ces idées et les exposer avec clarté et concision.
Je préconise l'ordre de rédaction suivant (mais il y a des variantes, à chacun de voir ce qui fonctionne le mieux pour lui):
- Rédiger l'introduction au brouillon.
- Ebaucher immédiatement la conclusion au brouillon, pour s'assurer qu'elle répond directement au sujet et à la problématique énoncée dans l'introduction, mais également pour ne pas avoir à la bacler en fin d'épreuve, lorsqu'on est épuisé.
- Reprendre l'introduction au propre en la rendant aussi concise que possible.
- Rédiger le développement en suivant le plan préétabli, en soignant particulièrement les transitions, qui doivent manifester le lien logique, la nécessité du passage d'une thèse à la suivante, en rappelant clairement où se situe le raisonnement par rapport à la question posée dans le sujet.
- Enfin recopier et compléter la conclusion, en l'adaptant aux éventuelles idées surgies au cours de la rédaction.
- Relire, si possible deux fois, pour corriger les étourderies, l'orthographe et la syntaxe.
Il faut compter environ 40 minutes par partie, 20 minutes pour l'introduction, 10 ou 15 minutes pour la conclusion. Il faut réserver quelques minutes pour la relecture.
Avant le début de l'épreuve, on peut noter au brouillon les objectifs temporels (si l'épreuve commence à 8h on écrira: 9h: plan, 9h20 brouillon intro+conclusion; 9h30: intro propre ; 10h10: 1ere partie, 10h50: 2eme partie; 11h30: 3eme partie; 11h45: conclu), qu'on réévaluera à la fin de chaque étape (si on a été trop long pour rédiger la première partie, ce qui est fréquent, on saura qu'il faut accélérer voire raccourcir les parties suivantes).
S'abstenir des ouvertures du type "... mais ceci est une autre question!".
S'abstenir de faire remarquer au correcteur les éléments pertinents qu'on n'a pas examinés!
S'abstenir de critiquer la formulation du sujet en estimant que telle ou telle autre question aurait été plus intéressante.
S'abstenir de relativiser la valeur de son raisonnement en remarquant que ce serait de toute façon "à chacun son point de vue".
Un simple résumé est inutile, il s'agit surtout de souligner le fait qu'un problème a été soulevé et de rappeler brièvement comment il a été résolu.
Il est important de bien montrer qu'on a le souci de répondre à la question du sujet.
Les arguments peuvent conduire ou bien à confirmer l'hypothèse, ou bien à la rejeter (l'approche critique est souvent appropriée pour une première partie, où l'hypothèse correspont à une opinion commune)
Pour renforcer un argument et montrer au correcteur qu'on réfléchit, il est opportun de lui trouver une objection à laquelle on sait répondre et qui donne l'occasion de gagner en précision.
On peut clarifier une interprétation en indiquant avec quelle autre interprétation il ne faut pas la confondre
C'est souvent l'un des termes du sujet qui sert de pivot pour passer d'une partie à l'autre, en passant d'une conception à une autre, qu'on estime plus juste. Cela peut impliquer une réinterprétation d'autres termes du sujet.
L'annoce du plan donnant souvent lieu à une série de thèses que rien ne justifie à ce stade du devoir (sans parler de la lourdeur des formulations du style "dans un premier temps nous verrons que ..., dans un deuxième temps etc."), il est souvent préférable de l'éviter.
Le seul type d'annonce valable est l'annonce d'un ou deux points à élucider compte tenu du problème formulé plus haut, l'élucidation de ces points étant une condition à la possibilité d'une réponse cohérente.
Mais ne pas annoncer le plan suppose qu'il apparaîtra clairement dans le développement, avec des phrases de transition concises qui indiquent bien à quel étape du raisonnement on se situe et renvoient explicitement à l'intitulé du sujet (les termes principaux du sujet doivent autant que possible y être mentionnés).
Il ne s'agit pas de reformuler le sujet, ni de le remplacer par une autre question, mais d'expliciter le problème sous-jacent.
On se borne aux définitions pertinentes et qui serviront directement à formuler la problématique, les précisions attendront le développement.
La préparation au brouillon est la phase essentielle, que les élèves négligent trop souvent.
Les idées viennent difficilement en regardant au plafond, elles surgissent au fur et à mesure, au fil de l'écriture de toutes les idées qui nous passent par la tête, même les moins pertinentes en apparence. On se surprend alors à avoir de bonnes idées ou de bons souvenirs de cours qu'on croyait oubliés.
Pour une épreuve de 4h, il faut compter un minimum d'1h de préparation: 20 à 30 minutes pour l'analyse (étape essentielle qui pose tous les éléments qui seront seulement assemblés et précisés dans les étapes suivantes, il faut donc y passer tout le temps nécessaire, quitte à lutter 45mn ou 1h), 10 à 15 minutes pour la formulation d'une problématique, 20 à 30 minutes pour l'élaboration d'un plan progressif.
On adhère sincèrement à la dernière hypothèse. Elle ne va pas de soi, ce n'est pas un lieu commun.
Transitions: il s'agit de justifier le passage d'une hypothèse à la suivante, passage logique qu'on doit avoir clairement à l'esprit et formuler au brouillon avant d'entrer dans le détail. (-> réponse partielle, qui n'atteint pas l'essentiel: insuffisance de son cadre conceptuel)
Une partie ne contredit pas la précédente: réinterprète et précise ce qui a été affirmé à partir d'un nouveau cadre conceptuel jugé plus juste.
La forme n'est pas forcément dialectique (oui, non, dépassement de l'opposition...): on peut bien discuter trois réponses affirmatives ou négatives, la forme dialectique est juste plus élégante.
Un plan en 2 ou 4 parties n'est pas exclu, mais le meilleur équilibre est un plan en 3 parties:
- en 2 parties, le plan risque de prendre la forme non problématique d'une opposition pour/contre ou d'une simple contradiction oui/non
- en 4 parties, le temps risque de manquer pour développer précisément chaque idée
Chaque hypothèse prend racine dans un cadre conceptuel qui lui est propre, càd une interprétation spécifique d'au moins l'un des termes du sujet
Chaque hypothèse répond au sujet en entier
Une hypothèse est une affirmation discutable, dont il s'agit de déterminer la vérité ou la fausseté
Prosaïquement: il s'agit de rattacher la réflexion à des préoccupations qui passent pour concrètes et actuelles, l'ancrer dans la réalité.
Littéralement: ce qu'on risque de gagner ou de perdre en optant pour une réponse ou une autre.
Ou encore: l'opinion commune affirme que A, pourtant la conception B implique B', ce qui exclut A.
Du type: Si on admet la conception A (courante ou logique), alors conséquence A', pourtant on constate B' qui s'oppose à A' (ou est très différent, etc.), ce qui suppose la conception B.
Il est important de marquer syntaxiquement l'opposition et de montrer qu'elle repose sur l'esquisse d'un raisonnement (qu'il s'agira de mettre à l'épreuve dans le développement): on utilise pour cela des connecteurs logiques.
La plupart des sujets portent sur une notion principale, sur laquelle le sujet incite à réfléchir en l'abordant par le biais d'une notion secondaire.