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por Xavier BARI 4 anos atrás

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MODULE 1. Epistémologie et méthodologie : aspects généraux de cadrage

L'élargissement des critères de scientificité dans les sciences humaines met en lumière l'importance de la triangulation, une pratique essentielle pour rendre compte de la richesse et de la diversité des comportements humains.

MODULE 1. Epistémologie et méthodologie : aspects généraux de cadrage

Au sens large, l'épistémologie (du grec ancien epistếmê «connaissance" et logie ou étude) désigne l'étude critique des sciences, des conditions de production de connaissances scientifiques. Tout chercheur, même et surtout débutant(e), doit s'approprier et appliquer les principes généraux et fondamentaux de l'épistémologie. C'est donc un des objectifs majeurs de cette séquence 1.1.

Points-charnières de la recherche scientifique

7. La scientificité de l’instrumentation

L’instrument qui génère les données se trouve au cœur du processus expérimental. Pour sauvegarder l’intégrité de ce processus, il s’agit de mettre en œuvre un ensemble de critères permettant de garantir la scientificité instrumentale de la recherche. Certes, une telle démarche ne peut que favoriser les qualités métrologiques des sciences humaines, mais simultanémentelle aboutit au surinvestissement du pôle instrumentalde la recherche.
Ce surinvestissement tend alors à faire croire que la scientificité d’une recherche est essentiellement déterminée par la qualité de son instrumentation. Deux conséquences majeures sont engendrées par ce phénomène.

2. D’autre part, la focalisation sur la qualité métrologique d’une étude accentue le caractère instrumental et objectivant des sciences humaines qui perdent ainsi leur dimension proprement humaine, c’est-à-dire culturelle et historique. Les débats entre la recherche dite quantitative et la recherche dite qualitative ont permis de remettre en cause le monopole de la qualité instrumentale comme critère de scientificité.

1. D’une part, l’accent mis sur l’outil tend à minimiser l’importance de l’examen de la scientificité des autres points-charnières de la recherche. Or, les critères de validité, fidélité et fiabilité s’exercent autant sur l’instrument et les données qu’il engendre que sur la problématique de la recherche, son paradigme, ses hypothèses ou son référent, ses concepts opératoires et autres points-charnières. Chaque étape de la construction de la réalisation de l’étude est susceptible d’être examinée sous l’angle des critères de scientificité. Cet examen constitue un préalable nécessaire à l’application du critère de validité de reliance qui permet une structuration coordonnée de l’espace de recherche.

Ces diverses modalités de contrôle consacrées à la dimension scientifique de l’instrument montrent combien les sciences humaines ont été polarisées par l’aspect technique et expérimental de la recherche
2. La validité instrumentale au sein des points charnières de la recherche. Les différents critères de validité instrumentale qui ont été développés se rapportent tous au point-charnière que constitue l’instrumentation. Plus précisément, chacun de ces critères examine la validité de l’instrument sous l’angle d’un autre point-charnière : il s’agit de vérifier l’adéquation de l’instrument aux autres étapes déterminées dans la recherche.
- la validité conceptuelle permet de confronter l’instrument aux concepts théoriques afin d’identifier les différentes théories investies par l’outil et secondaire
- la validité rationnelle vérifie dans quelle mesure la réflexion du chercheur permet de compléter l’outil utilisé. L’instrument est ici confronté aux concepts opératoires et aux indicateurs formulés par le cher-cheur ;
- la validité prédictive met en relation l’instrument utilisé avec le stade de la vérification des hypothèses afin d’examiner dans quelle mesure l’outil permet de contribuer à cette phase de la recherche ;
- la validité empirique évalue l’adéquation relative de l’instrument aux indices explorés ;
- la validité discriminante permet de confronter l’instrument aux points-charnières des concepts opératoires et des concepts théoriques afin d’éviter la superposition des notions que l’outil mesure ;
- la validité de contenu vérifie si l’instrument peut être complété en fonction d’éléments issus de la revue de la littérature, mais également en fonction du jugement et du raisonnement du chercheur. Ces constructions rationnelles qui participent à la structuration de l’outil se trouvent dans les concepts opératoires et dans les indicateurs ;
- la validité de construct permet d’examiner la saturation de l’instrument en fonction des concepts théoriques définis dans l’étude ;
la validité concourante (ou convergente) confronte l’instrument à un indicateur extérieur à la recherche,mais reconnu socialement ;
1. Les critères de validité instrumentale
la fidélité de l’outil. La fidélité de l’instrument est assurée lorsque les mesures répétées sur un même objet, réalisées dans les mêmes conditions, fournissent les mêmes résultats. La stabilité des résultats peut être testée de différentes manières. De multiples formes de fidélité existent (p. 40)
Les concepts de validités interne et externe sont également utilisés afin de contrôler la scientificité de l’instrumentation

la validité externe d’un instrument rend compte de sa qualité à pouvoir refléter des critères externes. Les validités concourante, discriminante, empirique et prédictive permettent d’assurer la validité externe de l’outil.

la validité interne examine la qualité de l’instrument à cerner l’objet qu’il doit mesurer. Cette forme de validité est mise en œuvre par les validités de contenu, de construct, rationnelle et conceptuelle ;

- la validité conceptuelle permet de rendre compte des diverses théories qui déterminent le champ conceptuel à partir duquel le choix des items est réalisé lors de la construction d’un instrument. Ce type de validité rend explicite les théories sous-jacentes qui orientent l’instrument.
- la validité rationnelle (ou logique) est complémentaire à la validité de contenu. Celle-ci n’est pas toujours justifiée de manière exclusivement scientifique.Aussi, pour montrer dans quelle mesure l’instrument englobe les différentes caractéristiques du champ traité, le chercheur peut avoir recours au raisonnement logique, à des jugements, à des croyances, à des convictions, au sens commun ;
- la validité prédictive permet d’examiner dans quelle mesure le pronostic formulé suite à l’emploi d’un instrument se vérifie ou non dans les faits. La validité prédictive est une forme de validité empirique ;
- la validité empirique (ou expérimentale) consiste à vérifier l’adéquation de l’outil utilisé avec les faits constatés dans l’expérience. Ici, l’instrument est confronté à la réalité des faits ;
la validité discriminante examine dans quelle mesure un instrument mesure réellement et uniquement ce qu’il prétend mesurer. L’instrument ne doit avoir aucune superposition avec des notions extérieures aux concepts mesurés. La qualité discriminante d’un instrument en fait la sensibilité : plus cette qualité est élevée plus l’instrument est sensible ;
la validité de contenu consiste à vérifier si l’instrument couvre tous les aspects importants du domaine investigué. Cette validité fait appel au jugement et au raisonnement, ainsi qu’à une connaissance de la littérature scientifique
la validité de construct vise à évaluer la corrélation entre les scores obtenus au test et les caractéristiquesque le test prétend mesurer en fonction d’un cadrethéorique. Il s’agit en somme de vérifier si les diffé-rents scores mesurent bien les différents facteursdéterminés par la théorie sous-jacente au test ;
la validité concourante (ou convergente) se réfère à un critère approuvé et actuel (une norme, un spécia-liste par rapport à un néophyte,...) afin de déterminerla qualité de l’évaluation d’un instrument : un testdevrait être mieux réussi par un spécialiste que par unnéophyte ;
Pour cette raison historique, les critères de scientificité de la recherche ont longtemps été focalisés sur la qualité de l’instrumentation.
La qualité de ces observations qui fondent la recherche, est essentiellement liée à la qualité scientifique de l’instrument.
L’instrument (le questionnaire, le test, l’activité expérimentale à laquelle est soumis le sujet) permet la récolte de données.
L’instrumentation présente dans la démarche logicoexpérimentale exercera également un rôle prépondérant dans les sciences humaines.

8. Vers un élargissement des critères de scientificité

Ainsi, trois types de critères de scientificité font leur apparition dans le champ des sciences humaines
3. Les prétentions à la validité

Les prétentions à la validité au sein des points-charnières de la recherche

L’introduction de la validité de signifiance au sein de la démarche scientifique donne nettement une impulsion politique à l’éthique de la recherche. La validité de signifiance identifie le chercheur et le sujet comme des partenaires impliqués dans une dynamique de recherche : sous le mode d’une interaction communicationnelle, le chercheur et l’acteur construisent en commun un savoir qui s’éduque, c’est-à-dire un savoir élaboré et partagé avec les acteurs, susceptible de transformation au cours du partenariat de recherche.

Cette conception de la recherche introduit une dimension politique qui vise un partage du pouvoir sur le savoir : la recherche devient un champ libre d’argumentations rationnellement réglées entre chercheur et acteur. Cette dimension politique est aussi liée à une éthique de la recherche.

Enfin, l’intérêt émancipatoire de connaissance vise le développement d’un savoir qui engendre un mécanisme de transformation, de développement de la personne. Ce mode d’intérêt de connaissance définit précisément les fondements épistémologiques de la recherche-action à visée émancipatoire. Il s’agit d’un type de recherche que réalise en partenariat un groupe de chercheurs et d’acteurs confrontés à une  problématique concernant directement les personnes impliquées. Le but est d’aboutir à une émancipation des personnes. Cette phase émancipatoire doit faciliter la résolution du problème auquel le groupe doit faire face. Ainsi, la recherche-action peut être définie comme la production d’un savoir agissant sur les personnes qui le produisent. Le type de relation mise en oeuvre dans l’intérêt émancipatoire est l’interaction « je – je ». L’individu élabore un partenariat de savoir dont il est le principal bénéficiaire car ce savoir le transforme,l’émancipe

L’éthique de recherche fondée sur l’interaction communicationnelle des partenaires est centrée sur les intérêts pratique et émancipatoire de connaissance. L’intérêt pratique de connaissance introduit la notion d’intercompréhension entre les partenaires de la recherche. Il s’agit, pour les chercheurs et pour les acteurs de se comprendre mutuellement. Les uns et les autres s’engagent dans la recherche en élaborant une construction de sens communément partagée et validée par chaque participant. La relation entre les partenaires de la recherche est de type « je – tu ». Ce mode de relation exprime un intérêt centré sur la compréhension de l’autre.

On abandonne ici l’intérêt technique de connaissance (Habermas, 1976) dans lequel le chercheur est considéré comme étant totalement indépendant des acteurs qui constituent l’objet de recherche. La relation entre le chercheur et l’acteur est la plus distante, elle est appelée relation « je - il» : l’observateur-chercheur objective et instrumentalise le sujet.

L’ensemble des critères définissant le champ de l’agir communicationnel joue également un rôle dans la validité de la structuration de l’espace de recherche. Nous précisons ci-après dans quelle mesure ces critères prennent place au coeur de la dynamique de la recherche.

Deux autres étapes peuvent également faire place à l’usage de la validité de signifiance imposant une interaction et une concertation entre chercheur et acteur. Il s’agit des étapes qui permettent de confronter les indices avec d’une part, l’analyse des données et, d’autre part, l’interprétation des résultats. Dans ces deux dernières phases, le chercheur est amené à s’interroger en compagnie des sujets sur la validité des analyses et des interprétations face aux indices qui constituent le monde réel des sujets. Chercheur et acteur argumentent afin de valider ou invalider l’adéquation entre les analyses et les interprétations en fonction des indices qui fondent la recherche.

L’exercice de la validité de signifiance peut également examiner le passage des indices aux indicateurs. Le choix de ces indicateurs par le chercheur peut être réalisé en concertation avec les sujets afin que ce choix corresponde plus précisément à l’univers de réalités et de représentations des acteurs. Ici encore, chercheur et acteur sont amenés à argumenter leur position afin de guider le choix des indicateurs sur base des indices. Pour être valide, cette argumentation devra suivre les règles qui définissent l’acte communicationnel permettant de garantir le respect des multiples partenaires.

Le même mécanisme d’échange est possible au niveau de l’instrumentation. Dans ce cas, il s’agit d’examiner dans quelle mesure le chercheur et l’acteur s’entendent sur la compréhension et l’impact des items qui composent un outil par exemple. Un processus d’argumentation entre le chercheur et l’acteur peut avoir lieu afin que les deux parties puissent avoir une compréhension et une maîtrise identique de l’instrumentation.

Plusieurs points-charnières de la recherche sont concernés par la validité de signifiance. Elle peut être mise en oeuvre lors de la constitution du champ des indices : le chercheur interpelle le sujet pour vérifier s’il comprend le sens et l’impact des propos de l’acteur. Ce dernier précise sa pensée par des arguments liés aux prétentions à la validité et renforçant l’intelligibilité de son discours.

Les quatre concepts qui gèrent l’acte communicationnel renvoient à la notion de validité de signifiance. Celle-ci considère le chercheur et l’acteur comme étant de véritables partenaires qui collaborent à l’édification d’une recherche. Au cours de cette recherche, les participants (chercheur et acteur) sont amenés à s’interpeller afin que chacun puisse comprendre (en termes d’intelligibilité) et évaluer (en termes de prétentions à la validité) le discours de l’autre.

Des critères issus de la théorie de l’agir ocmmunicationnel (Habermas, 1987) ont été intégrés dans le champ de la recherche en sciences humaines (Pourtois et Desmet, 1997).

Quatre critères permettent de définir un échange de type communicationnel. Nous les explicitons ci-après

Au sein d’une interaction communicationnelle, tout énoncé a force de validité mais peut également être réfuté sous le mode d’une des trois prétentions définies. Ainsi, ce que dit un interlocuteur peut être critiqué comme étant faux, illégitime ou inauthentique. À ce stade, un débat argumenté peut être mis en œuvre entre les interlocuteurs afin d’aboutir soit à un accord, soit à un désaccord sur les éléments contestés

Si l’intelligibilité est acquise, chaque interlocuteur doit avoir l’opportunité d’exprimer différentes prétentions à la validité susceptibles d’être critiquées par d’autres. Trois formes de prétentions à la validité sont possibles :

- la prétention à la validité subjective se situe au niveau des opinions des sentiments et des souhaits. L’énoncé est ici supposé véridique. La personne défend l’authenticité, la sincérité de ses propos.

- la prétention à la validité normative détermine un énoncé supposé juste. Dans ce cas, la personne s’exprime au sujet d’un événement dont elle juge la légitimité au regard d’un contexte normatif ;

- la prétention à la validité objective définit un énoncé supposé vrai. L’individu s’exprime à propos d’un état de faits qu’il prétend être vrai ;

- l’intelligibilité détermine le degré de compréhension qui existe entre deux ou plusieurs interlocuteurs. Chacun doit pouvoir comprendre le sens du message de l’autre. Il s’agit d’un préalable à toute interaction communicationnelle.

Ces critères permettent de considérer le chercheur et l’acteur comme des personnes placées dans une relation de communication dont les finalités sont connues des interlocuteurs. Dans cette relation, il n’y a aucune place pour des stratégies implicites ou des enjeux de pouvoir qui seraient dissimulés. Chacun peut remettre l’autre en question sur la teneur de ses paroles afin de pouvoir prendre position. Une telle démarche au sein de la recherche impose le respect des personnes qui restent libres d’échanger et d’adhérer ou non aux propos de l’autre.

Un tel cloisonnement du chercheur et de l’acteur a été l’objet d’une remise en question radicale faisant place à une nouvelle éthique politique de la recherche. Le chercheur est ainsi considéré comme étant impliqué dans la recherche : on n’observe pas un système, un comportement, un échange de relation en toute extériorité. Observer une situation est déjà y être associé. L’acteur est lui aussi impliqué dans la démarche du chercheur : il interagit avec lui au cours d’une prise de renseignement, d’une enquête ou d’une interview. Il n’est pas un simple objet passif totalement indépendant du chercheur et de ses questions. Il participe non seulement à la construction des données mais aussi à l’élaboration des interprétations. A cet endroit, l’acteur joue un rôle déterminant car il peut confirmer ou infirmer les interprétations émises par le  chercheur.

Les débats épistémologiques qui ont traversé les sciences humaines ont engendré d’importantes interrogations éthiques liées aux statuts du chercheur et de l’acteur. Ces questions remettent essentiellement en cause l’indépendance entre le chercheur et l’acteur qui est une exigence requise dans la démarche classique de recherche. Le premier a longtemps été considéré comme le seul détenteur des connaissances imposant aux sujets observés sa propre démarche de recherche : au savoir le chercheur allie le pouvoir et constitue un personnage omnipotent. De l’autre côté, l’acteur serait un objet de recherche qui se soumet au questionnement du chercheur. Le sujet n’accède pas à la connaissance de la recherche, il n’en est pas le producteur et il n’exerce aucun pouvoir sur ce savoir.

2. La triangulation

Cette pratique est celle de la triangulation. Elle constitue aujourd’hui un critère de scientificité qui permet de prendre en considération la complexité de l’homme et la relativité des points de vue.

La triangulation au sein des points-charnières de la recherche

Les triangulations temporelle et spatiale ont également des champs d’application bien spécifiques dans l’espace de recherche.

La triangulation temporelle concerne les données, l’interprétation et la discussion des résultats ainsi que la synthèse et les conclusions. Dans ce cas, le chercheur est amené à observer la stabilité ou l’instabilité au sein de ces différents points-charnières en fonction du temps. Au-delà de l’application stricte de ces deux triangulations, force est de constater que tous les points-charnières sont susceptibles d’être réexaminés à l’issue de chacune de ces deux démarches, car il s’agit bien dans ces deux exemples de triangulation de mettre à l’épreuve toute la structuration de l’espace de recherche confrontée aux mouvances qu’impose le cadre spatio-temporel.

La triangulation spatiale touche essentiellement les points-charnières suivants : la population, les concepts théoriques, l’instrumentation, la discussion des résultats, la synthèse et les conclusions. Il s’agit essentiellement d’examiner les répercussions de la modification d’une population sur d’autres points-charnières.

Les triangulations méthodologique et théorique prises au sens strict concernent respectivement des points-charnières différents

Très proche de la triangulation théorique, la triangulation par combinaison de niveaux concerne plus spécifiquement les concepts systémiques. Elle permet également de renforcer la validité de l’interprétation et de la discussion des résultats. Toutefois, les implications de cette démarche sont identiques aux conséquences qui peuvent être engendrées par la triangulation théorique.

Dès lors, une triangulation méthodologique aboutit inévitablement à transposer cette même démarche au niveau de plusieurs points-charnières. Cet effet de contamination se produit également dans le cas de la triangulation théorique. Elargir le champ théorique implique l’apparition de nouveaux concepts opératoires. La revue de la littérature sera étoffée et les hypothèses (ou les référents) pourront être reconsidérées. La triangulation théorique apportera aussi de nouvelles interprétations relatives aux résultats.

L’application de ces deux méthodes permet de développer un éclairage multiple au cours d’une même étude. Ces triangulations exercent toutefois un impact sur la plupart des autres étapes dans la structuration de l’espace de recherche. Par exemple, la triangulation méthodologique peut engendrer l’apparition de nouveaux indicateurs et de nouveaux concepts théoriques qui sont sous-jacents aux divers instruments auxquels il est fait appel. Ces multiples instruments viendront également enrichir les  données et leur traitement. L’interprétation des résultats sera également élargie.

La seconde implique le croisement de diverses théories permettant de renforcer l’interprétation et la discussion des résultats

La première est relative à l’instrumentation et à l’interprétation des résultats .

La triangulation des observateurs concerne la qualité des données. Cette démarche qui vise à croiser la production de plusieurs observateurs ou correcteurs peut être assimilée à la conception classique de la fidélité inter-juges.

La triangulation interne poursuit des objectifs similaires à la critique d’identité. La triangulation interne et la critique d’identité impliquent donc les mêmes points charnières pour les mêmes raisons.

La qualité et la diversité des indices sont mises en examen par la triangulation des sources en multipliant les informateurs et les matériaux d’information.

Le concept de triangulation prend en considération la relativité des points de vue, nécessaire à l’examen de la complexité humaine : croiser et diversifier les approches permet de mieux cerner le comportement humain. La relativité des points de vue amène le chercheur à l’application de la triangulation sur plusieurs points-charnières.

Plusieurs types de triangulation peuvent apparaître. Nous en préciserons ci-après les caractéristiques. Nous examinerons également les points-charnières de la recherche qui sont concernés par les différents modes de triangulation.

- la triangulation spatiale met à l’épreuve une théorie ou un instrument auprès de cultures différentes. Ce type de triangulation permet d’examiner la validité cross-culturelle de concepts théoriques ou d’instruments. Il s’agit surtout de prendre en considération les divergences qui apparaissent en fonction des lieux et des conditions du recueil de données.

- la triangulation temporelle consiste à prendre en considération l’évolution ou la stabilité des résultats d’une étude mise à l’épreuve dans le temps. Il s’agit d’examiner les facteurs de changement ou de permanence dans une étude en adoptant une démarche longitudinale ;

- la triangulation par combinaison de niveaux, vise l’utilisation de plusieurs niveaux d’analyse au cours de l’examen des données et/ou de l’interprétation des résultats. On peut, par exemple, distinguer les niveaux de l’individu, du groupe, de l’institution, de la culture, etc. Les étapes de l’écosystème constitue un exemple classique de mode d’analyse selon la triangulation par combinaison de niveaux ;

- la triangulation théorique permet de décrypter les informations recueillies et d’interpréter les résultats du traitement des données à l’aide de théories complémentaires ou concurrentes. Cette procédure permet au chercheur d’être attentif à la richesse et à la complexité des comportements humains en variant les points de vue lors de la lecture des phénomènes et au cours de la phase d’interprétation des résultats ;

- la triangulation méthodologique (ou instrumentale) consiste soit à utiliser le même instrument à différents moments (ce qui correspond à la fidélité), soit à appliquer différents instruments pour le même événement étudié. Cette démarche permet d’examiner la convergence et/ou la diversité des résultats obtenus aux différents modes d’investigation ;

- la triangulation des observateurs est associée à la présence de plus d’un observateur et/ou correcteur dans le processus de la recherche. Cette démarche permet de contrôler les sources de biais lors de la production de résultats au cours de la mise en œuvre d’instruments (enquêtes, tests, décodage de séquences filmées,…), ce qui renforce la validité des données ;

la triangulation interne examine le rapport qui existe entre l’information (ou les interprétations dans la recherche) avec les caractéristiques de l’informateur (ou du chercheur). A travers l’anamnèse, l’origine sociale et culturelle, l’état psychologique des sujets (acteurs ou chercheurs), il s’agit de comprendre les motivations des personnes à donner telle information ou telle interprétation. Ce type de triangulation peut être identifié à la critique d’identité ;

la triangulation des sources implique de récolter les informations auprès d’informateurs multiples. Il s’agit également de rechercher les informations par la consultation de divers documents objectifs (des documents d’archives manuscrits, sonores ou vidéoscopés par exemple). Selon cette définition, la triangulation des sources peut être identifiée à la critique de confrontation

Rendre compte de la richesse et de la diversité de l’homme impose de multiplier et de conjuguer les modalités de la recherche.

La dimension plurielle du comportement de l’homme oblige les sciences humaines à adopter une démarche relativiste : la multiplicité des points de vue permet de mieux cerner la complexité face à laquelle l’approche unique serait une voie plus stérile

1. Le jugement critique

La plupart des critiques mettent en examen les indices. C’est le cas des critiques d’autorité, de restitution, d’originalité, de confrontation et d’interprétation. Quant à la critique d’identité, elle porte aussi sur le point-charnière qui concerne l’interprétation des résultats.

il s’agit de déterminer au mieux les circonstances dans lesquelles apparaissent les indices.

Or, les indices subissent de multiples influences et sont nécessairement connotés par l’homme.

- la critique d’interprétation examine le degré de compréhension entre le chercheur et l’informateur. Ici, le chercheur se demandera s’il a bien compris ce que voulait dire l’informateur ou s’il n’excède pas le sens des propos de l’observateur.

- la critique de confrontation consiste à dégager une relation conforme à la réalité au départ de deux ou plusieurs versions des faits. Certes, dans ce cas, on retiendra la version de l’observateur le meilleur, le plus exact et le plus sincère. Toutefois, l’analyse des contradictions apparentes peut s’avérer riche d’informations ;

- la critique d’originalité a trait au lien qui existe entre l’informateur et l’information. Dans ce cas, le chercheur doit tenir compte de la distance qui sépare l’informateur de l’événement : l’informateur peut avoir assisté directement au déroulement des faits ; mais il peut en être aussi un témoin indirect à qui les faits ont déjà été relatés ;

- la critique de restitution est relative à l’état de l’information. Il s’agit de déterminer la distance qui existe entre l’information dont on dispose et l’événement original. Le document dont dispose le chercheur peut être un original, une copie, un dossier imprécis ou altéré,…

- la critique d’autorité consiste à déterminer quel crédit on peut accorder à l’informateur. Il s’agit de trouver les preuves qui valident les informations données. Cet examen doit également permettre de découvrir les altérations qui se produisent dans les témoignages ;

- la critique d’identité porte sur les caractéristiques de l’informateur et du chercheur (leur personnalité, leur origine, leur histoire,…). Il s’agit de mieux comprendre ce qui motive l’individu à livrer l’information traitée. De même, cette critique permet de mieux cerner la démarche du chercheur ;

Le jugement critique examine ces liens qui existent entre l’informateur, l’information et le chercheur.

Dans les années 80, ce débat donne naissance à un élargissement des critères de scientificité de la recherche.
la méthodologie des sciences de la nature ne peut s’appliquer aux sciences humaines au risque de réduire l’homme à l’état d’objet
L’homme est lié à des dimensions sociale, culturelle et historique que ne possède pas l’objet physique. Il existe en l’homme une construction de sens absente de l’objet matériel.
Dès la fin du 19ème siècle et le début du 20ème siècle, les  premières critiques s’élèvent à l’encontre des sciences humaines qui ont adopté une méthodologie de recherche expérimentaliste calquée sur le modèle des sciences exactes

9. Synthèse des critères de scientificité

Deux conclusions majeures s’imposent suite à l’observation de la synthèse des critères de scientificité qui ont été décrits.
La validité de reliance permet de remédier à ces lacunes. Elle propose d’examiner la qualité d’adéquation entre chacun des points-charnières de la recherche par leur confrontation. Elle ne constitue pas une solution englobante qui permet d’intégrer l’ensemble des autres critères de scientificité. Elle agit plutôt de manière complémentaire à ces critères. Enfin, la validité de reliance fait appel à une approche épistémologique fondée sur le  questionnement plutôt que sur une épistémologie de la réponse qui a longtemps prévalu dans l’exercice des sciences humaines.
Or, chacun de ces points-charnières peut faire l’objet d’une argumentation contrôlée. Par exemple, une confrontation avec les autres points charnières permet de justifier la pertinence des choix relatifs à la problématique, au paradigme et à la méthodologie. En confrontant la problématique à la revue de la littérature, le chercheur peut être amené à redéfinir le problème et les questions de la recherche ; on peut soulever la question du choix du paradigme en fonction des hypothèses ou des référents de la recherche ; on peut aussi s’interroger sur l’adéquation réelle entre la méthodologie adoptée et les instruments choisis.
2. D’autre part, le tableau synthétique permet  d’identifier un ensemble de points-charnières faiblement pris en compte par les critères de scientificité voire totalement désertés. C’est le cas de la problématique, du paradigme, de la revue de la littérature, des concepts opératoires et de la méthodologie. Ces étapes sont généralement traitées comme des paramètres imposés dans la recherche.
L’ouverture des sciences humaines sur les courants herméneutique et phénoménologique suite au débat opposant la recherche dite quantitative à la recherche dite qualitative, engendre un développement des critères de scientificité. De nouveaux concepts (critiques, triangulation et validité de signifiance) apparaissent et donnent d’autres repères de scientificité aux points charnières déjà privilégiés dans la conception logico-expérimentaliste des sciences humaines. Ces critères de scientificité envahissent aussi d’autres étapes de la structuration de la recherche comme les indices et l’interprétation des résultats. Ces nouveaux concepts accompagnent un réaménagement de la démarche de recherche. Chercheurs et acteurs sont parties prenantes dans la construction de sens qu’est la recherche : il s’agit de pouvoir en maîtriser les tenants et les aboutissants dans les différentes étapes de la recherche. C’est un des buts fondamentaux des plus récents critères de scientificité.
1. Certains points-charnières sont surinvestis par un certain nombre de ces critères : c’est le cas des indices, de l’instrumentation et des données ainsi que de l’interprétation des résultats. Un tel surinvestissement peut s’expliquer par l’historique des grandes étapes épistémologiques des sciences humaines. Dans la phase essentiellement expérimentaliste, les sciences humaines se sont évertuées à renforcer la validité du dispositif  expérimental. Ici, l’accent est mis sur l’instrumentation et les données.
Remarquons d’abord que la synthèse proposée est loin d’être complète car tous les types de validité n’ont pas pu être pris en compte. Sans vouloir être exhaustifs, nous avons avant tout souhaité présenter une articulation épistémologique des critères de scientificité. Aussi, un certain nombre de critères pourrait être ajouté dans le tableau présenté.

10. La validité de reliance

3. La reliance
Toutefois, notre intérêt pour cette critique se situe dans l’ouverture constructive et positive apportée par le concept de reliance. Sur fond de déliance, Bolle de Bal prône une action de reliaison. La reliance représente la recherche d’une nouvelle alliance (Prigogine et Stengers, 1979), entre l’homme et la nature, entre l’homme et les sciences, entre les diverses sciences elles-mêmes, entre le système de l’observateur et le système observé, entre le chercheur et l’acteur.

Lorsque l’exercice de confrontation de reliance est réalisé dans sa totalité, la structuration de l’espace de recherche apparaît comme une structure de sens : les points forts mais aussi les limites de la recherche sont clairement présentés ; l’articulation des points-charnières est explicite ; les rôles du chercheur et de l’acteur sont définis ; les enjeux de la recherche tant au sein de la communauté des chercheurs que dans la société sont mis en évidence. Ainsi, c’est l’historicité de la recherche et les étapes de son questionnement qui sont mises en exergue par l’intermédiaire de la validité de reliance.

Enfin, la validité orientée par une démarche de reliance vise à re-lier ce qui est dé-lié. Deux exigences caractérisent la validité de reliance.

2. La seconde exigence associée à la validité de reliance impose au chercheur de re-lier l’ensemble des points-charnières de la recherche. Chacun d’eux doit pouvoir être confronté et relié aux autres : tous les liens possibles doivent être examinés sans accorder de prépondérance à certains liens qui seraient privilégiés. Car ce type de privilège engendre l’apparition du phénomène d’école épistémologique et produit de la déliance en sous-estimant les enjeux de certains points charnières secondaires.

1. Chacun des points-charnières remplit un rôle fondamental dans la structuration de la recherche : aucun d’eux ne peut être considéré comme étant plus important que les autres. Accorder plus d’attention et de valeur à certains points-charnières, c’est risquer de surinvestir une partie du champ épistémologique tout en adhérant à une école de pensée (positivisme instrumental, recherche qualitative, recherche quantitative, herméneutique, phénoménologie,…).

Ces caractéristiques propres à la reliance peuvent être transposées dans le contexte des critères de scientificité de la recherche. Ils donnent ainsi naissance au concept de validité de reliance. Soucieuse d’une dynamique de reliance, cette validité s’inscrit dans une logique rétroactive : l’examen d’un point-charnière peut engendrer non seulement sa propre restructuration mais également un réaménagement en cascade de l’ensemble des autres étapes de la structure de recherche. La validité de reliance met également en oeuvre une causalité circulaire : la  réorganisation d’un point-charnière produit une réadaptation des autres étapes de la  structuration de la recherche dont l’aboutissement peut exiger de reconsidérer le point-charnière qui fut à l’origine du changement en cascade.

Par exemple, reconsidérer la problématique d’une recherche implique une remise en cause de la revue de la littérature (ainsi que des autres points-charnières de la recherche) qui à son tour, une fois réaménagée, peut engendrer de nouvelles modifications au sein de la problématique.

La reliance présente en recherche-action implique un phénomène de rétroaction : l’action produite par les personnes les transforme ; elle implique également une causalité circulaire : l’action réalisée est à la fois la cause et l’effet du changement ; enfin, dans la reliance, il s’agit avant tout de re-lier ce qui est dé-lié : l’action vise à réunir des personnes dont les liens sont déconstruits.

A ce titre, la recherche-action constitue une réelle mise en oeuvre du concept de reliance car elle est attachée au développement des interactions entre le chercheur et l’acteur. La reliance « consiste à se lier pour relier » (Bolle de Bal, 1987, p. 585). Dans le domaine de la recherche-action, il s’agit de favoriser les liens entre les personnes afin qu’elles puissent se relier, se rassembler autour d’un but commun.

La reliance s’oppose à la notion de déliance qui caractérise aussi bien le système social que la démarche scientifique issus du monde rationaliste moderne (Bolle de Bal, 1987). La pensée rationaliste est fondée sur une démarche analytique, objectivante (ou réifiante) et implique l’exclusion de toute subjectivité.

Dans le domaine scientifique, le rationalisme s’est accompagné d’une démarche logico-expérimentale et quantitative dont nous avons déjà explicité les fondements (supra : « la scientificité de l’instrumentation » et « vers un élargissement des critères de scientificité »). L’articulation de la raison avec l’expérimentation a permis un développement scientifique fulgurant du 17ème au 20ème siècles. Toutefois, la raison triomphante produit un savoir essentiellement techniciste et cloisonnant qui aboutit à un phénomène de déliance.

Cette dynamique de déliaison se traduit par une accumulation de savoirs particuliers, technicistes et isolés ainsi que par un ensemble de clivages entre notamment le chercheur et l’acteur, le savoir et l’action, la recherche fondamentale et la recherche appliquée. Selon Bolle de Bal (1987), la déliance est aussi perceptible dans le système social du monde moderne au sein duquel germe une rupture des liens humains fondamentaux. A l’image de la raison scientifique, les hommes modernes sont déliés, déconnectés, disjoints : ils ne sont reliés aux autres que par des machines ; d’autre part, le carriérisme, l’esprit de consommation et la surabondance d’informations ne laissent plus aux individus la possibilité de s’interroger sur le sens de leur vie.

Sujet secondaire
2. La démarche de la validité de reliance
Cette mise à plat du cheminement historique de la recherche que sont les étapes du questionnement permet ensuite au chercheur de mettre en oeuvre la validité de reliance. Celle-ci fait appel aux arguments qui contribuent à justifier la concordance entre les choix effectués par le chercheur aux différents points-charnières. Ces arguments veilleront par exemple à montrer la correspondance qui existe entre les questions de la recherche, les hypothèses / le référent et les conclusions. Il sera également nécessaire d’argumenter la concordance entre les choix qui ont déterminé le type de paradigme, l’axe méthodologique et le mode d’analyse des données. L’examen de la validité de reliance met en jeu chacun des points-charnières de la recherche. Les exemples peuvent être multipliés et inclure tous les points-charnières. Une chaîne d’argumentation s’élabore et permet d’expliciter la correspondance de chacun d’entre eux. Cette chaîne d’arguments retrace l’historique de la recherche et examine la concordance des étapes du questionnement du chercheur.
Ainsi, l’examen de la validité de reliance permet d’abord de mettre en relief les alternatives principales face auxquelles le chercheur a été confronté au cours de son questionnement de recherche. Par cette opération, le chercheur réactualise le cheminement de son questionnement ; il repositionne les choix qu’il a effectués et qui ont orienté sa recherche en fonction des alternatives qui se présentaient.
Les points-charnières de ces deux phases de la démarche scientifique sont des questions élémentaires de la recherche. Par exemple, le chercheur examine la problématique de sa recherche ; il s’interroge sur le paradigme à mettre en oeuvre ; au moment de l’analyse des données, il réfléchit aux différentes pistes de recherche possibles en fonction des choix méthodologiques et du type de données collectées.
En effet, les points-charnières tels qu’ils ont été présentés constituent les étapes fondamentales du questionnement qui structurent la recherche. On s’interroge tant sur la manière de construire l’objet que sur la réalisation de la recherche elle-même
la validité de reliance est essentiellement centrée sur la démarche de questionnement et son développement dans la recherche.
1. La conception classique de la validité
Le concept de validité de reliance permet de renouer avec la dimension historique de la recherche et situe la question de la validité dans la perspective d’une épistémologie postmoderne liée à une culture de la question plutôt qu’une culture de la réponse.
L’histoire du questionnement de recherche est totalement évacué du rapport scientifique. En somme, c’est l’historique des étapes de la recherche qui échappe à la conception conventionnelle de la validité et à l’épistémologie moderniste.
Ainsi, la conception conventionnelle de la validité apparaît être une entreprise de purification des réponses apportées par la recherche, réponses qui peuvent être admises par la communauté scientifique une fois leurs limites découvertes.
Toutefois, même si nous acceptons entièrement cette forme de validité, il nous faut constater qu’elle renvoie à une conception moderniste de la science mobilisée par une culture de la réponse. L’épistémologie moderniste fondée par le courant rationaliste de Descartes à Kant n’a d’autres ambitions que de fonder les réponses scientifiques. Les règles du «Discours de la méthode» ainsi que la «Critique de la raison pure» constituent des ouvrages fondateurs de la validité classique. Ces ouvrages visent à valider les jugements scientifiques tout en essayant de les prémunir contre tout ce qui les menace, de l’expérience sensible et trompeuse pour Descartes à la métaphysique pour Kant.
Ce type classique de validité centrée sur les réponses est essentiel pour la qualité scientifique de la recherche.
À ce titre, nombreux sont les auteurs qui réalisent un inventaire des menaces de la validité d’une recherche tout en proposant des stratégies qui permettent d’y faire face.
Impose au chercheur la mise en oeuvre d’un ensemble de stratégies qui permettent de renforcer et de confirmer ces réponses. Veiller à la validité d’une recherche, c’est tout mettre en oeuvre « pour minimiser, voire éliminer, le plus grand nombre possible de risques de non-validité » (Robert, 1988, p. 80).
Depuis Campbell et Stanley (1963), le concept de validité est généralement utilisé dans le cadre de la recherche pour désigner le degré de confiance que l’on peut accorder aux inférences tirées à partir des données. Ce qui est mis en examen sous la notion de validité, c’est le statut et la qualité des réponses apportées par la recherche effectuée. Dans quelle mesure les réponses données aux interrogations de la recherche sont-elles valides ?

11. Une épistémologie postmoderne

Une contre-argumentation issue de la communauté des chercheurs peut alors engendrer le débat sur la validité de reliance qui caractérise la recherche.
Ainsi, centrée sur une démarche d’historicité et de questionnement, la validité de reliance permet d’une part de renforcer la scientificité de la recherche, et, d’autre part, stimule le mécanisme de reliaison entre les différentes composantes liées de près ou de loin aux enjeux des sciences humaines : le chercheur, l’acteur, la recherche, la société et le monde politique.
L’épistémologie postmoderne met également en exergue la dimension historique de toute investigation. Les étapes du questionnement rendent compte de cette dynamique historique. L’histoire de la recherche est structurée par les questions du chercheur. Celui-ci sait que ses questions sont relatives et que d’autres sont possibles. Cette prise de conscience fait surgir le problème de l’éthique tant sur le plan interne que sur le plan externe de la recherche. Au niveau interne, si le chercheur considère que ses questions sont relatives, il fera place aux questions des sujets de la recherche : l’interaction entre le chercheur et l’acteur, déjà débattue, peut se mettre en place. D’autre part, au niveau externe, la relativité des questions de recherche fait prendre conscience des limites de l’application des résultats de la recherche dans la société. L’éthique du chercheur consiste, à cet endroit, à éclairer le monde politique sur les limites de son étude, à l’aide des arguments construits dans le cadre de la validité de reliance.
Ainsi, le cadre d’une épistémologie postmoderne se constitue d’arguments permettant l’exercice d’une raison critique au sein d’un espace public telle que la définit J. Habermas (1987, 1995).
Cet éclairage du questionnement de la recherche permet à la communauté des chercheurs d’évaluer précisément les conditions de possibilité et les limites de la démarche d’investigation et du savoir produit. Ici, la validité de reliance favorise le développement de la raison critique face à la recherche. La mise en oeuvre d’une raison critique est associée à la relativité de la démarche et des résultats de recherche. Cette relativité de la recherche constitue un des fondements de l’épistémologie postmoderne. La notion de relativité ne doit pas être opposée à la conception de la validité du savoir sous l’angle de l’épistémologie moderniste. Cette relativité signifie que le questionnement et les résultats de recherche doivent être mis en débat. Rien n’autorise le chercheur isolé à faire la démonstration a priori de la validité de sa démarche. L’examen de la validité de reliance suppose le débat public. Pour cette raison, la validité de reliance met en oeuvre des arguments de la part du  chercheur qui justifie la structuration de son cadre de recherche.
Cette mise en exergue du questionnement permet au chercheur d’identifier clairement les choix opérés à chaque point-charnière et qui ont déterminé l’ordre des réponses scientifiques. En procédant de la sorte, le chercheur révèle les liens qui unissent les questions aux réponses de la recherche. Il désigne ainsi la piste de recherche choisie parmi d’autres.
La validité de reliance répond aux critères d’une épistémologie postmoderne qui désigne une conception de la science soucieuse de sa démarche interrogative, de sa relativité et de son caractère historique (Gibbons et al., 1994). La validité de reliance met d’abord l’accent sur le  questionnement de recherche et les alternatives qu’il engendre. Ces alternatives constituent diverses modalités de recherche face auxquelles le chercheur aura pris une position. En effet, le chercheur décide de privilégier une piste d’investigation plutôt que d’autres tout aussi acceptables.
A l’image d’un régime libre, l’espace de la recherche n’est jamais clôturé : il est toujours en voie d’achèvement et doit accepter son imperfection, sa non-exhaustivité. La reliance élaborée par le chercheur est un ensemble en construction, ouvert sur le chantier des questions de validité. La validité de reliance est d’emblée un exercice voué à l’inachèvement dont les interrogations orientent les nouvelles opportunités de recherche. Ainsi, la démarche scientifique est-elle comparable à un processus d’argumentation démocratique ouvert sur un espace de questions progressives que se transmettent successivement les chercheurs.
Certes, le chercheur sera toujours tenu de rendre compte de ses actes. La légitimité de la recherche est à ce prix, car la liberté démocratique n’est pas une norme totalement inconditionnelle : elle impose à ses acteurs d’argumenter leurs décisions de liberté au sein d’un espace public. L’exercice de la validité de reliance aide le chercheur dans cette démarche d’argumentation démocratique.
L’acte libre du chercheur relève d’une liberté constituée qui « renvoie à la marge de manoeuvre qu’offrent les situations toujours soumises au jeu des contraintes multiples » (Meyer, 1995, p. 184). Chacun des points-charnières de la recherche constitue un espace de choix. Parfois, les alternatives sont restreintes. La méthodologie, par exemple, peut être soit a priori, soit a posteriori. Mais très souvent les possibilités de décision sont extrêmement vastes : la problématique, le choix des concepts opératoires et des indicateurs, l’interprétation et la discussion des résultats, laissent au chercheur une grande marge de manoeuvre.
L’ensemble de ces exigences ne doit pas masquer le fait que l’espace de la recherche est avant tout le lieu de l’expression de la liberté du chercheur. S’il devait en être autrement, la recherche serait un exercice totalitaire, envahi par des règles destinées à uniformiser la connaissance. Le savoir serait alors le produit de normes scientifiques et non plus le fruit de la créativité libre des hommes. Ce glissement de la recherche dans la sphère totalitaire provient essentiellement d’une confusion entre les buts et les moyens de l’activité scientifique. Les étapes et les critères de la démarche en science sont des repères qui permettent au chercheur de baliser le champ de sa pensée : les repères sont des outils pour la réflexion et ne doivent pas constituer une fin en soi au risque de capturer la liberté de recherche.
Enfin, l’introduction du concept de validité de reliance amène le chercheur à s’interroger sur l’adéquation des multiples étapes qui jalonnent son étude. Cette démarche de reliance vise aussi à examiner la concordance de la recherche avec le monde scientifique, social et politique.
La structuration d’un espace de recherche n’échappe pas à certaines contraintes. Les points-charnières définissent les étapes fondamentales d’une étude dans ses phases de construction et de réalisation. L’épistémologie des sciences humaines a élaboré et produit encore un nombre considérable de critères permettant d’examiner la scientificité de la recherche sous différents angles.

6. La conception classique de la scientificité

2. La conception classique de la scientificité au sein des points-charnières de la recherche
La fiabilité se consacre plus particulièrement à l’examen du choix des indicateurs, de la qualité et de l’analyse des données ainsi que de l’interprétation des résultats. Au sein de ces quatre étapes, l’indépendance du chercheur doit être assurée en évitant au mieux toute connotation idéologique de la part du chercheur. Il s’agit donc de s’assurer de la  transparence du chercheur afin que l’on puisse estimer l’influence que celui-ci peut exercer sur certaines étapes fondamentales de la recherche.
La fidélité vise t la maîtrise des points charnières que constituent l’instrumentation, l’analyse des données et l’interprétation des résultats. Il s’agit d’abord de contrôler la stabilité des données fournies par l’instrument. Tout élément lié à l’outil lui-même ou aux circonstances de son application qui perturbent cette stabilité doit être identifié afin de contrôler toute source de biais. La fidélité s’attache aussi à contrôler l’indépendance des analyses et des interprétations du chercheur.
L’examen de la validité externe surinvestit les points-charnières suivants : la population et l’échantillon, la discussion des résultats, la synthèse et les conclusions. L’examen des autres points-charnières a pour seul objectif de contrôler la généralisabilité ou la transférabilité de la recherche.
L’examen de la validité interne de l’étude consiste  à surinvestir deux pôles dans la structuration de l’espace de recherche. Il s’agit des hypothèses (ou des référents) et de la vérification des hypothèses (ou des référents). Certes, l’examen des autres points charnières est possible au sein de la validité interne de la recherche, mais cet examen doit avoir pour finalité de garantir la validité des deux pôles cités. Il s’agit en quelque sorte d’un rabattement des différents points charnières sur deux étapes considérées comme guidant l’étude.
1. Validités, fidélité et fiabilité
L’épistémologie des sciences humaines définit classiquement quatre critères qui permettent d’évaluer la qualité des réponses de la recherche.

La fiabilité détermine la qualité objective des données. Des observations sont dites fiables lorsque celles-ci peuvent être reproduites. D’autres personnes peuvent alors vérifier les constats d’un observateur. Cette pratique permet d’attester l’indépendance entre les données et le chercheur.

La fidélité juge l’indépendance des observations et des interprétations par rapport à des variations soit accidentelles soit systématiques. Ces variations peuvent être dues par exemple aux circonstances de temporalité, au cadre expérimental, aux instruments ou aux conditions de recueil des données. Les questions soulevées par le critère de fidélité visent essentiellement à renforcer la stabilité des conclusions d’une recherche.

La validité. Dans quelle mesure les réponses apportées par la recherche sont-elles valides ? A ce niveau, deux types de validité sont distingués

La validité externe examine le degré de précision avec lequel il est possible d’étendre les conclusions d’une étude à d’autres contextes (de populations, de temps et de lieux). Les questions liées à ce type de validité externe concernent essentiellement les possibilités et les limites de l’application du dispositif de recherche à d’autres populations, à d’autres moments et à d’autres lieux.

La validité interne vise à fournir les garanties nécessaires liées aux hypothèses (aux référents) et à leur vérification. Les observations sont-elles présentes en qualité et en quantité suffisantes ? Les relations établies par le chercheur entre les observations sont-elles exactes ? Ces questions ont pour finalité de rendre la recherche crédible.

Il s’agit d’examiner dans quelle mesure les conclusions de la recherche découlent des observations effectuées et non pas d’autres éléments qui interviendraient à l’insu du chercheur.

En règle générale, le caractère scientifique de la recherche repose sur la qualité des réponses qu’elle apporte.

5. Les étapes épistémologiques de la scientificité de la recherche

Une question est soulevée : les critères de scientificité évoluent-ils en fonction de l’histoire des sciences humaines ?
Mais cette incomplétude fonde l’essence même des sciences humaines qui traitent toujours d’une matière traversée par l’histoire (l’homme) qui reste inachevée, hétérogène et donc «impure» (Ardoino et de Peretti, 1999).
Ici, nous nous interrogeons plus particulièrement sur les grandes étapes épistémologiques des critères de scientificité. Cette question confronte le chercheur en sciences humaines à l’impossibilité d’être exhaustif dans le domaine de la validité de la recherche.
il reste à définir la manière dont on peut juger la scientificité de la recherche.

4. Réalisation de la recherche

Effectivement, sur la base des résultats constatés lors de la réalisation de la recherche, le chercheur peut être amené à revoir les étapes de sa construction préalable qui elle-même entraînera d’autres types d’analyses et ainsi de suite jusqu’à une cohérence qu’il juge acceptable. C’est le phénomène de circularité que nous évoquions précédemment et qui retient toute notre attention ici. Huit points-charnières constituent le passage obligé de la réalisation de la recherche.
8. Synthèse des points-charnières

2. La deuxième phase consiste en des propositions et perspectives nouvelles. C’est une démarche centrifuge qui oriente les recherches à venir. Elle résulte de toutes les pistes alternatives qu’aurait pu prendre la recherche menée et suggère des propositions de prolongement au départ des résultats obtenus. Elle envisage aussi les retombées pratiques et éthiques des conclusions auxquelles l’étude a abouti. Des recommandations à l’égard du politique peuvent également être formulées

La multiplicité des données et la diversité des relations mises à jour ne doivent pas masquer, comme le signale G. Bachelard, le caractère régional de toute découverte. Les limites de la généralisation (ou de la transférabilité) sont-elles bien tracées ? En d’autres termes, le chercheur contrôlera la prudence dont il a fait preuve dans ses conclusions.

1. La première phase de cette dernière étape de la recherche consiste généralement à faire une synthèse des résultats saillants mis en évidence. C’est une démarche centripète qui doit répondre aux questions posées au départ.

7. Discussion des résultats

Par ailleurs, il convient aussi que le chercheur fasse part de ses fausses pistes, de ses expériences avortées qui jalonnent tout parcours scientifique.

Notons tout l’intérêt qu’il y a à soumettre les résultats de recherche à la critique des acteurs concernés. Les divergences observées méritent toujours d’être analysées

Il est intéressant à cet endroit de consulter des spécialistes qui n’ont pas participé à la recherche afin de discuter des interprétations proposées.

Afin d’accomplir cette phase de discussion, le chercheur prend soin de confronter ses résultats à ceux d’autres recherches ainsi qu’à des théories reconnues et bien définies.

C’est donc une véritable analyse critique de sa recherche que le chercheur sera amené à réaliser.

Il vérifie si cette discussion est bien située dans le contexte théorique présenté au début de l’étude et s’interroge sur la pertinence épistémologique de ses choix en matière de concepts, indicateurs, etc..

Il s’interroge sur les corollaires ou les implications des résultats de la recherche.

Cette étape consiste à éprouver par l’exercice de la confrontation, la portée et les limites des résultats obtenus. Le chercheur dégage ici les enseignements de son étude.

La discussion est une véritable mise en débat des résultats de recherche.

6. Vérification des hypothèses/des référents

Dans l’approche exploratoire, l’intentionnalité du chercheur mentionnée au départ doit faire émerger des faisceaux de relations qui ont du sens et qui sont susceptibles de donner naissance à des hypothèses à éprouver ultérieurement par une démarche de procès.

Dans l’approche expérimentale, le chercheur a à confirmer, infirmer ou nuancer par les preuves recueillies, les affirmations provisoires concernant la relation entre deux ou plusieurs variables (c’est-à-dire les hypothèses) qu’il avait émises initialement.

Lorsque les résultats ont été commentés et interprétés, le retour aux hypothèses ou aux référents initiaux s’impose.

5. Interprétation des résultats

L’analyse des données donnera lieu à une lecture des résultats obtenus. Cette phase nécessite l’introduction d’une démarche interprétative.

L’interprétation peut être enrichie de différentes manières : une interprétation en aveugle peut être réalisée par une personne extérieure qui apportera d’autres éclairages. Les résultats de l’analyse peuvent également être soumis à l’interprétation des acteurs.

L’interprétation comprend deux étapes

Au niveau d’une lecture seconde, le chercheur élargit le cadre de ses commentaires : l’interprétation vise alors à corroborer, nuancer, voire préciser la singularité et l’originalité des  résultats obtenus

La première consiste en une lecture à basse inférence, c’est-à-dire une approche qui « colle » au plus près des résultats. Cette phase de proximité vise à mettre les résultats en langage. Cette mise en forme s’accompagne de commentaires qui sont directement issus de l’observation des résultats : ces derniers peuvent faire surgir des tendances manifestes, des regroupements, des oppositions, des paradoxes, des cas singuliers. Les concepts théoriques et la revue de la littérature intégrée à la recherche viendront étoffer les commentaires réalisés. Dans ce cas, l’interprétation devient une lecture à haute inférence.

4. Analyse des données

Soulignons ici que huit types de recherche peuvent être envisagés en partant des méthodologie, analyse et données. Le schéma suivant permet de visualiser ces huit possibilités (p. 36)

Ainsi, il est tout à fait possible qu’une analyse quantitative provienne soit d’une méthodologie a priori, soit d’une méthodologie a posteriori et traite des données soit qualitatives soit quantitatives. De la même façon, une analyse qualitative peut émaner de l’une ou l’autre méthodologie et traiter un type ou l’autre de données. Dans la pratique, au cours d’une même recherche, on peut combiner plusieurs cheminements. L’analyse des données donnera lieu à une lecture des résultats obtenus. Cette phase nécessite  l’introduction d’une démarche interprétative.

Les données recueillies au moyen d’un ou de plusieurs instruments auprès de l’échantillon retenu doivent alors être traitées en vue de décrire (paradigme descriptif), expliquer (paradigme explicatif) ou comprendre (paradigme compréhensif) le phénomène étudié. Les analyses peuvent être quantitatives (statistiques) ou qualitatives (analyse de contenu).

3. Population – Echantillon

Dans tous les cas, la description du contexte (expérimental, social, situationnel,…) est indispensable afin que les conditions qui sous-tendent la recherche soient parfaitement connues.

Quoi qu’il en soit, la qualité de l’échantillonnage est étroitement liée à la validité des résultats et à la  généralisation des inférences à la population parente (approche expérimentale) ou à la transférabilité des conclusions à d’autres contextes (approche qualitative).

Dans une approche qualitative, on peut estimer à quel moment arrêter l’échantillonnage des groupes pertinents par la saturation théorique. Ce concept est atteint lorsqu’aucune donnée suffisamment nouvelle ne ressort des derniers  entretiens ou observations pour justifier une augmentation du matériel empirique.

Cette opération peut se réaliser selon diverses modalités : échantillon stratifié, aléatoire, apparié, raisonné, événementiel, par grappes, etc.. Il peut être à un ou plusieurs degrés (étapes), représentatif ou occasionnel, etc.

Il est toujours difficile, voire matériellement impossible, de travailler sur une population entière. Il faut donc échantillonner, c’est-à-dire choisir un nombre limité d’individus, d’objets ou d’événements permettant de tirer des conclusions (inférences) applicables à la population entière (univers) à l’intérieur de laquelle le choix a été fait (De Landsheere, 1979, p. 83).

2. Méthodologie

Nous entendons par méthodologie les façons de faire requises par l’approche scientifique. Elle implique un plan d’action établi selon les exigences de toute démarche scientifique. V. Despret (1996) oppose la méthodologie a priori à la méthodologie a posteriori.

Reprenant une terminologie judiciaire, V. Despret (ibidem, p. 144) souligne qu’à la méthodologie a prioriste correspond une démarche de procès et qu’à la méthodologie a posterioriste correspond une démarche d’enquête.

La méthodologie a posterioriste s’oppose à la méthodologie précédente. Aucune hypothèse explicite n’est formulée avant d’aller sur le terrain. La seule intention du chercheur est, dans un premier temps, de voir ce qui va s’y dérouler et, dans un deuxième temps, d’émettre a posteriori des hypothèses et des interprétations au sujet de ce qui a été observé. Il va de soi, néanmoins, que les hypothèses ne sont pas absentes mais sont généralement implicites. L’aposterioriste recueille les faits observés et tente de leur donner un sens en créant des liens entre eux. Il s’attache à la variété des événements qui se produisent plutôt qu’à la variation des éléments. Les frontières ne sont donc pas fixées a priori.

Elle met néanmoins en présence des faits «qui ne collent pas» avec certains témoignages ou des faits qui « ne collent » pas entre eux. Son but est une récolte minutieuse d’indices singuliers et anecdotiques qui contredisent certaines apparences, comme dans une enquête judiciaire. Elle constitue donc elle-même une construction fictionnelle qui a pour seul objectif de convaincre car elle n’a pas le pouvoir d’éviction des fictions alternatives. Lorsque l’enquête est terminée, les hypothèses qui en découlent peuvent être soumises au procès, c’est-à-dire à l’épreuve des fictions.

La posterioriste, quant à lui, doit réaliser une enquête minutieuse : il doit chercher, au-delà des apparences, le sens des faits observés ainsi que mettre en relation des éléments apparemment non reliés entre eux. L’enquête est la recherche d’une variété d’indices. Il en résulte une hypothèse qui  constitue une mise en relation d’observations qui fait sens.

La méthodologie a posteriori laisse ainsi un espace pour la nouveauté et l’étonnement. Cela n’exclut toutefois pas l’analyse des biais inhérents à cette démarche telles que notamment la recherche de prétentions à la validité (Habermas, 1987), la validité écologique (analyse des conditions créées par l’environnement), la validité théorique, etc.

Le méthodologue a prioriste va sur le terrain avec une hypothèse à laquelle il entend soumettre les faits. Son but est de répondre à la question du « comment » et de rechercher la régularité du réel (la loi). Il utilisera la démarche de l’expérimentation, à savoir la manipulation de variables. Pour cela, il optera pour un dispositif expérimental qui impose des limites, des frontières au réel qu’il veut expliquer. Il construit des variables indépendantes et dépendantes pour examiner les relations qui les lient et élimine les variables parasites qui pourraient interférer sur les résultats. Toutes les procédures doivent ici répondre aux critères d’objectivité : elles exigent du chercheur une position extérieure à la réalité étudiée. Par ailleurs, celui-ci mettra en place des mesures pour lutter contre les biais qui pourraient réduire la validité interne du dispositif.

Comme dans un procès judiciaire, on met à l’épreuve une fiction (manipulation d’une variable) et on examine le résultat ; on fait de même avec une autre fiction alternative et ainsi de suite. On confronte donc entre elles chacune des fictions et on élimine les fictions qui n’aboutissent pas pour montrer, le cas échéant, que l’hypothèse posée a priori était la bonne.

L’a prioriste fixe donc au réel les cadres stricts de sa réponse et a pour visée de tester le réel : il vérifiera la constance, la fidélité, la validité de ses données. Il s’agit ici de manipuler les variables, c’est-à-dire de modifier le réel, pour le mettre à l’épreuve afin de confirmer ou d’infirmer les hypothèses préalables.

1. Données/instrumentation

Soulignons tout l’intérêt qu’il y a à utiliser la triangulation des méthodes (utilisation de deux ou plusieurs méthodes dans la collecte des données), la triangulation temporelle (utilisation de modèles répétés dans le temps) et la triangulation des observateurs (engagement de plusieurs observateurs ou correcteurs) ainsi que les démarches de la critique historique (contrôle des sources d’information).

Dans une approche plus instrumentale, qui tente de recueillir des connaissances sur le monde objectif de l’autre (tests, questionnaires,…), la vigilance est aussi de rigueur à travers la recherche des validités de construct, de contenu,… Cette vigilance a très fortement retenu l’attention des experts dans les années 60-70 et la littérature de cette époque est riche en la matière

Dans une approche communicationnelle, c’est-à-dire basée sur l’intersubjectivité (entretien, récits de vie,…) où l’on tente de saisir le monde vécu interprété de l’acteur, le chercheur  recueille des énoncés, des actes de langage. Ceux-ci, qui constituent le « donné », ne sont pas nécessairement valides. Les actes de langage sont en effet des foyers d’incertitude. Aucune recherche ne peut faire abstraction de la phase de mise à l’épreuve des énoncés. Le passage du « donné » à la « donnée » est une opération qui nécessite une vigilance particulière. Tout acte de parole, au sein d’une intercompréhension, doit pouvoir être contesté selon un certain nombre de prétentions à la validité bien décrites par J. Habermas (l’énoncé est-il vrai, juste et sincère ?). Par ailleurs, cet énoncé doit aussi être intelligible pour l’autre (validité de signifiance)

Dans un dispositif expérimental, les données sont des variables qui peuvent prendre des statuts différents : variables dépendantes ou variables indépendantes. Elles entrent alors dans un dispositif expérimental dont il faut éprouver le bien-fondé.

Les données pourront être quantitatives ou qualitatives

Les données qualitatives, quant à elles, renvoient à la notion de qualité. Elles mettent en évidence le sens singulier, unique, spécifique des phénomènes vécus. Elles se recueillent le plus souvent dans un contexte d’intersubjectivité et sont traitées par l’argumentation

Les données quantitatives renvoient à la notion d’unité. On comptabilise alors les unités (qui peuvent être des comportements, des erreurs, des opinions, des mots,…) pour les soumettre à un traitement statistique.

Les données sont les éléments fondamentaux servant de base à la réalisation de la recherche. Elles découlent directement des indicateurs retenus mais leur recueil nécessite toujours de l’ingéniosité. Celui-ci se fait par l’intermédiaire d’instruments dont on doit être certain qu’ils fourniront des informations valides.

la construction de l’objet de recherche n’est pas pour autant achevée.

3. Construction de l’objet de recherche

Construire l’objet de recherche consiste à mettre en place une série d’opérations qui vont permettre la représentation conceptuelle de celui-ci. Sept opérations sont nécessaires pour cette construction ; ce sont elles qui serviront de guide à la seconde séquence de la recherche, celle de la réalisation.
8. Indicateurs

Sans les indicateurs, la recherche ne serait que pure spéculation.

Les indicateurs désignent un champ de réalité qui est extrait d’un ensemble plus vaste composé d’indices issus du monde réel. Les indicateurs forment donc la réalité maîtrisable d’un espace de recherche.

7. Indices

Les indices reconnus pertinents pour la recherche sont retenus et constituent l’ensemble des indicateurs.

Les indices font partie du monde réel qui est multiple et complexe. Nous avons souligné précédemment que le concept opératoire recouvrait de multiples dimensions qui ne sont pas toujours observables directement.

6. Concepts théoriques

Sachons néanmoins qu’une théorie ne reflète jamais le réel dans sa totalité. C’est pourquoi, il est souvent opportun de faire référence à plusieurs éclairages théoriques pour mieux cerner l’objet d’étude dans ses différentes facettes. Une telle démarche est appelée triangulation théorique.

il convient aussi de les intégrer dans un cadre de référence afin de rompre au mieux avec les fausses évidences et les préjugés

Les concepts opératoires retenus doivent alors être placés dans un système de raisonnement qui relie entre eux des concepts ou des propositions.

5. Concepts opératoires

Le chercheur doit donc opérer une sélection des dimensions et significations du concept en fonction des aspects de la réalité qu’il veut saisir.

Le travail du chercheur sera alors de clôturer l’espace conceptuel qu’il va retenir dans sa recherche car un concept est le plus souvent polysémique.

Les hypothèses impliquent la mise en jeu de concepts. Que recouvrent-ils comme signification ? Leur simple définition ne suffit pas.

4. Hypothèse ou référent

Toutefois, la vigilance épistémologique impose à toute entreprise scientifique de présenter un référent, c’est-à-dire une description précise de la situation dans laquelle se déroulera la recherche ainsi que le développement des intentionnalités du chercheur

La démarche scientifique repose sur les hypothèses qui doivent être explicites. Elles peuvent prendre deux formes.

l’autre met en relation deux concepts ou deux phénomènes.

Dans ce dernier cas, le plus fréquent, on peut trouver des hypothèses non orientées (qui portent sur l’ensemble de la population, comme, par exemple : le milieu social influence l’apprentissage de la lecture) ou des hypothèses orientées (qui portent sur une partie de la population, comme, par exemple : les enfants de milieu social favorisé apprennent plus facilement la lecture).

L’une se présente comme une simple présomption de la nature du réel (élaboration d’un concept, sa composition)

Une hypothèse est une proposition admise provisoirement avant d’être soumise à l’épreuve des faits.

3. Revue de la littérature

La lecture de recherches proches du thème à étudier s’impose dès le départ. Cette démarche va permettre de préciser les questions de recherche. Bref, le bilan des connaissances dans le domaine concerné ne peut jamais être négligé.

2. Paradigme

L’articulation de deux ou trois paradigmes peut être illustrée par la pratique de la recherche-action. Nous soulignons ici la multiplicité des formes de cette approche qui, à des moments divers, peut faire appel aux différents paradigmes. Selon P. Paillé (1996) 2, elle présente quatre caractéristiques

elle est engagée : la recherche et l’action, non étrangères l’une à l’autre, s’engagent à changer une situation- problème.

elle est imbriquée : il existe des liens étroits entre chercheur, acteur et contexte

elle est impliquée : le chercheur influe toujours sur le cours des événements

elle est appliquée : c’est une recherche pour / dans / de l’action ;

La recherche destinée à répondre à la (aux) question( s) émise(s) va s’inscrire dans un paradigme qui peut être descriptif, explicatif ou compréhensif. Certains chercheurs opteront pour l’utilisation de deux ou même de trois paradigmes.

Le paradigme compréhensif recherche le sens des phénomènes et non l’explication car celle-ci en cacherait le sens. Il utilise l’attitude phénoménologique qui s’efforce d’expliciter le sens que le monde objectif des réalités a pour les hommes dans leur expérience quotidienne.Il cherche donc à appréhender les phénomènes de conscience vécus qui sont chaque fois des constructions humaines.

Le paradigme explicatif privilégie exclusivement l’explication causale, c’est-à-dire qu’il a pour seul but de mettre en évidence les causes qui expliquent le phénomène. Il implique l’utilisation de la méthode expérimentale où on met en place des plans expérimentaux afin d’examiner le  changement d’une variable à expliquer (variable dépendante) lorsqu’on soumet une (des) autre(s) variable(s) à des variations (variable(s) indépendante(s)).

Dans ce paradigme, c’est la cohérence du dispositif qui est privilégiée en ce sens que les chercheurs sont amenés à opérer un découpage de la réalité en variables isolées en vue d’examiner les relations qui les lient dans un contexte de causalité.

Le paradigme descriptif vise à décrire des phénomènes ou une situation.

Les taxonomies, les typologies sont des exemples de recherches descriptives.

1. Problématique et question(s)

L’objectivité et la subjectivité s’affronteront donc inévitablement.

Dès le départ, tout texte scientifique doit obéir à des règles de composition : style logique, dépouillé, formel et clair. La transparence, l’impartialité, l’objectivité et l’absence d’approximations doivent être les principales caractéristiques. C’est dire que le chercheur doit toujours s’imposer une réflexion sur ses motivations, son histoire, ses croyances (c’est ce qu’on appelle une triangulation interne) afin d’assurer la fiabilité de sa recherche.

C’est à la suite de l’énoncé de la problématique et des questions de recherche que se formuleront les buts et les objectifs. Le chercheur devra dès cette première étape s’interroger sur la faisabilité de son projet.

Cette étape implique de l’audace, de la créativité, de l’ingéniosité. Elle nécessite parfois de prendre des risques qui peuvent mener à découvrir des résultats insoupçonnés et producteurs d’un sens nouveau. L’intuition du chercheur est indispensable.

La problématique est à la base de la construction de l’objet de recherche. Elle repose sur les conceptions théoriques du chercheur, conception née de ses expériences, observations, lectures, confrontations de résultats de recherche. Elle va donner naissance à des questions de recherche qui nécessiteront d’autres lectures, d’autres prises d’information afin d’accroître leur précision et leur pertinence.

2. Structuration de l’espace de recherche

Deux grandes séquences sont à envisager : d’une part, il s’agit de construire l’objet de recherche, d’autre part, il faudra réaliser celle-ci.
Le tableau page 31 permet de visualiser l’ensemble des étapes nécessaires à l’élaboration d’une recherche. Nous constatons d’emblée que la démarche est circulaire. Les lignes fléchées centrales, avec à leur point d’intersection la validité de reliance (VR), signifient que chaque étape doit être examinée dans son lien avec toutes les autres.

1. L'exigence scientifique

Examiner chaque lien de cohérence entre les divers points-charnières s’impose.C’est dire que la démarche scientifique n’est nullement linéaire mais circulaire et exige des boucles de rétroaction avec chacune des étapes précédentes. A tout moment, le chercheur a donc à revoir sa construction et à ajuster toutes les phases de la recherche.
La démarche scientifique implique une rupture par rapport aux croyances, une construction de l’objet de recherche et une confirmation par les faits. Quelle que soit la recherche scientifique à mener, ces trois étapes sont indissociablement liées.

MODULE 1. Epistémologie et méthodologie : aspects généraux de cadrage

1.1.1. Epistémologie en recherche : premiers aspects fondamentaux de base (9)

6. Morale et éthique : quelle différence ?
Conclusion : les deux termes sont effectivement synonymes. L'emploi de l'un ou l'autre met juste l'accent sur une dominante privilégiée (tradition-valeurs VS discussion-cadre spécifique)
NÉANMOINS, la distinction Morale/Éthique est souvent discuter par les spécialistes car...

L’éthique, lors des discussions, fait toujours appel aux convictions morales, aux valeurs, des participants (qui ne peuvent oublier leur éducation)

La Morale fait toujours l'objet d'une rediscussion, d'une négociation, car les principes sont adaptés au contexte de celui qui les applique

L’éthique est davantage INDUCTIF
La Morale est plus DEDUCTIVE
Différence terminologique

Éthique est plus lié à des contextes politiques, à un cadre de discussion raisonnée

Ethique est un raisonnement sur ce qu'il faut faire ou pas faire, dans un cadre concret et rationnel qui dépend très souvent d'une discussion

Exemple : euthanasie

Morale présuppose des convictions qui distinguent le bien et le mal

MORALE : règle d'inspiration religieuse qui impose des normes du bien et du mal, et qui incite à AGIR en fonction d'elles

C'est en fonction de ces convictions qu'on en déduit un COMPORTEMENT, à savoir CE QU IL FAUT FAIRE

Dans la société

Éthique est plutôt liée au raisonnement, à la discussion

Éthique a une connotation plutôt scientifique

Morale est liée à l'Histoire, aux traditions

Morale a une connotation plutôt religieuse

Étymologiquement : aucune différence entre les deux notions
5. Déontologie du chercheur
Etre intègre et honnête avec la population étudiée

Ne pas leur nuire

respect de leur confidentialité

respect de leur dignité

Exposer à l'écrit comme à l'oral très clairement les méthodes et les outils utilisés
Tenir à disposition du lecteur toutes les informations brutes permettant d'interroger l'interprétation des données recueillies
Ne pas falsifier les matériaux recueillis

Manipulation frauduleuse et intentionnelle des informations

Modification de l'information

Falsification par omission (éliminer des informations)

Exigence d'honnêteté intellectuelle

lors de la transcription, et de la soutenance, nous devons rendre transparent...

l'information recueillie, son traitement et son interprétation

exigence de citations des auteurs et des sources

pas de plagiat

les outils

les méthodes

les savoirs

Les pré-supposés

Les postulats

Le cadre théorique

transparence de la démarche scientifique

4. Posture du chercheur
Principes

Se situer hors des croyances, hors des convictions, hors des évidences

Il faut y substituer la spéculation intellectuelle

Capacité à remettre en question

"tout se passe comme si..."

et non "voici la réalité"

Prudence dans les affirmations et confirmations proposées

Faire preuve d'esprit critique

Savoir cultiver le doute

Utiliser le raisonnement et une démarche scientifique pour rendre nos résultats

Acceptables

Généralisables

Valides

Etre conscient de s'engager dans une aventure intellectuelle

Curiosité et audace intellectuelle

pari pour l'homme d'utiliser ses capacités pour comprendre le monde

3. La vérité et la réalité
Réalité

Le savoir scientifique a du mal à dire ce qui est réel

plusieurs postures

constructivisme : le réel supposé est une reconstruction mentale par l'être humain d'une réalité qui est peut-être non connaissable, dont la science n'a pas à se soucier

réalisme : considérant toute chose appréhendable comme réel et in fine

réalité en soi ? réalité construite ?

Existant pour la perception, les sens de l'Homme

Ce qui est réel est ce qui existe en soi (objet physique)

Notion très complexe

Vérité

savoir scientifique s'attache, se donne comme objectif de découvrir le Vrai

S'intéresse moins à ce qui est réel

Loi : relation entre deux faits -> loi vraie

Ce qui est vrai : est ce qui se répète

Un fait se produit tjs de la même manière (exemple : lever de soleil)

Rapport ambigüe, souvent contradictoire entre ces deux termes
2. L'objectivité/la subjectivité
La subjectivité peut être prise en compte, reconnue, comme un objet d'étude, une réalité à analyser
Objectivité est dépendante d'un contexte à travers le temps et l'espace
subjectivité

très décriée dès qu'il s'agit de connaissance scientifique

opinion, sentiment, jugement

appréhension personnelle

perception individuelle

Objectivité

permet une communication de connaissances entre individus, commune, partagée, et donc valable pour un ensemble d'individus

Permet que la connaissance soit...

prouvable

Explicable

Acceptable

reconnaissable

Est primordiale pour exercer la raison, pour produire un savoir scientifique

Perception de x individus

Vise la neutralité : l'approche des faits au-delà de l'opinion, de l'appréciation personnelle.

L'intuition

Différente de la raison

utile mais insuffisante

évidence instantanée

mode de connaissance immédiat

1. Le savoir
Catégories de savoirs

Le savoir scientifique

Le pari est de comprendre le monde par la seule capacité de réflexion et d'entendement de l'être humain

...est basée sur la raison

outil indispensable à la construction de savoirs scientifiques

faculté de l'être humain à penser par lui-même

faculté de réflexion de l'être humain

instrument du savoir scientifique

Issue d'une démarche rigoureuse

Connaissance élaborée par des méthodes reconnues par la communauté scientifique

Connaissance rationnelle et démontrable

La connaissance empirique

Permet de s'adapter à la réalité du monde

Savoir pratique, savoir-faire

Connaissance immédiate, découverte par l'expérience

Acquise par nos propres expériences directes, par nos sens, nos perceptions

La croyance : connaissance transmise par Autrui (éducation, génération précédente, etc;) ; peut être autogénérée par l'expérience de l'individu

Transmission (si par Autrui)

Savoir immédiat (autogénéré)

Connaissance non-démontrée et acceptée comme telle, sans preuve

Selon les anthropologues

Le savoir est inhérent au développement de l'espèce humaine

Rendre l'existence humaine intelligible et acceptable

3 capacités qui caractérisent l'homme

Étonnement : se remettre en question

Intelligence : comprendre

Curisioté : s'interroger

Donner du sens
Comprendre le monde

1.1.3. Paradigmes et révolutions scientifiques

Caractéristiques du nouvel esprit scientifique
12. La liberté de la recherche
Conclusion

3. La science a opéré plusieurs "ruptures d'échelle" vers les échelles s'étendant la chimie moléculaire à la physique des particules élémentaires.

2. La technique n'est pas seulement constituée d'instruments de mesure de phénomènes préexistants, mais l'instrument de production de nouveaux phénomènes. Il ne s'agit plus d'observer mais d'expérimenter.

1. Les mathématiques ne sont plus un langage de description mais la structure virtuelle dont on peut induire la possibilité de nouveaux phénomènes

Noumène : chose en soi (en opposition aux phénomènes = chose pour un un sujet) KANT
Modèle du progrès de Bachelard en 3 temps
Exemple dès 60min : physique quantique (que je ne comprends pas non plus, à voir pour un avis propre :))
Exemple à partir de 50min (que je ne comprends pas, désolé) : géométrie non euclidienne
3. La récurrence épistémologique : "où l'on redécouvre ce que l'on croyait connaitre"

Prise de conscience que les normes scientifiques sont transformées au nom des valeurs qui avaient instituées ces mêmes normes

2. Rupture épistémologique

base théorique contestée : grandes ruptures

Révision permanente des connaissances : petites ruptures

L'esprit quitte les évidences et tente de trouver de nouvelles bases

nouvel modèle qui dépasse le positivisme qui change les règles du jeu, arrivée d'un nouvel élément

Expulsion des obstacles épistémologiques

La science pense contre le sens commun

1. Obstacle épistémologique : "l'erreur est toujours première et la vérité une correction"

Progrès : correction de nos erreurs

Ce qui nous empêche de penser

Évidence, réponses toutes faites, certitudes

Continuité et Discontinuité du progrès scientifique
Modèle de Thomas Kuhn

La science alterne entre ...

2. Phases de rupture, révolutionnaires

1. Des phases stables, normale

Le progrès a tjs lieu au sein d'un paradigme

Modèle Positiviste (continuisme) - Auguste Comte

La science permet une application (action) u monde

La science est devenue une démarche collective

Le progrès procède par grandes étapes - 3 états

3. État positif / rationnaliser les phénomènes : observation, mesure, et construction d'une loi

2. Étape Métaphysique (on cherche une explication à travers une cause)

1. Étape religieuse

Penser les ruptures en sciences
Biographie de Gaston Bachelard : jusqu'à 20min

Selon Gaston Bachelard, les sciences progressent surtout par des « ruptures épistémologiques »

1.1.2. Différentes pensées : naturelle, sociale, complotiste et scientifique

Le complot Les hommes aiment utiliser des théories du complot lorsqu'ils ne comprennent pas un phénomène
Lien avec la pensée scientifique

mais les deux disposent de grandes différences

Dans les deux on retrouve du doute

la pensée complotante ne cherche pas les causes des sujets dont elle traite, elle vise a tout prix à désigner un coupable. De plus elle dit ce que les gens veulent entendre : c'est une théorie dite paresseuse.
langage propre au complot

Transformation de la syntaxe inversion des phrases

Elle est dotée d'un esprit critique

Rhétorique du sentiment Elle utilise un lexique qui suscite de l'émotion

Identité de groupe La théorie du complot comprend des personnes qui se sentent victimes

Rhétorique de l'évidence L'évidence impose la conviction

Les faits, indices et preuves se trouvent parfois confondus et pris l'un pour l'autre
accumulation d'indices qui se veut une preuve et doit convaincre le public
Les arguments convergents peuvent entrainer une théorie du complot
Réactions sociales violentes
La pensée conspirationniste est caractérisée par un mélange de preuves (pathos logos ethos). Elles sont hétérogènes dans ce genre de pensée.
Les théories du complot sont très hétérogènes, elles peuvent concerner des groupes minimes ou faire la une des médias, totalement folles ou d'autre vraisemblables.
La défiance
La défiance est née de promesses non tenues, de problèmes sanitaires, de désinformation... mais aussi à d'autres technologies car des amalgames ont été fait.

La polémique : Elle peut prendre plusieurs formes (attaque perso, recrutement de lobbyiste), le but étant d'obscurcir d'avantage des résultats mauvais.

La controverse : Dans une même discipline on peut trouver des hypothèses argumentées qui s'affrontent.

La défiance s'oppose à un scepticisme raisonnable, elle est liée à une certaine peur. Elle peut engendrer un climat de haine et de suspicion permanente.
Les citoyens font preuve de défiance face à des thèmes scientifiques, elle peut même devenir une façon d'être.
L'architecture de la pensée sociale
Rouquette 1996 : modèle architectural crée avec un critère de consensualité et de stabilité. Le plus stable est l'idéologie, elle est partagée par toute une société. A partir de cette idéologie, il découle des représentations sociales (donc moins collectives) relatives à des groupes donnés. Ensuite de là se crée des attitudes qui sont individuelles (ne sont pas sociales), elles peuvent être partagées. Puis on trouve les opinions (consensus et stabilité faible).
La pensée sociale peut se manifester de différentes façon (rumeurs, attitudes...)
La pensée sociale Les processus et les contenus de la pensée sont faits de facteurs sociaux
3 types d'opérations cognitives : - le formalisme spontanée (ensemble de cliché utilisé dans un échange) - le dualisme causal (confondre deux formes de causalité) - primat de la conclusion (conclusion posée avant les prémices)
Moscovici met en évidence 3 phénomènes : - dispersion et décalage des informations - la focalisation de l'attention - la pression à l'inférence
On peut passer d'un type de pensée à un autre
Rouquette 1973 : "la pensée sociale caractérise la pensée naturelle en ce sens qu’elle prend en objet privilégier les autres, les relations entres les individus, les thèmes et les croyances du domaine collectif" C'est celle qui a pour pivot le citoyen.
La pensée naturelle
Valérias 1999 expose 4 caractéristiques : - se fonde sur l'expérience sensible --> ce qui relève de nos sens - elle se manifeste dans la communication sociale - elle s'exprime à travers le langage de tous les jours - elle satisfait une logique qui ne répond pas au canon de la logique formelle (en science), la pensée naturelle répond à une logique propre (celle de sens commun)
A la fin du 19e cette pensée était vue comme différente des autres, non rationnelle, elle appartenait aux enfants, aux sauvages ou aux malades mentaux, c'était une pensée à laquelle on ne devait pas s'intéresser.
Lien entre science et sens commun
discours de sens commun

Le langage courant est qualifié de polysémique

Mais c'est aussi un système de connaissance, tous ces "bavardages" méritent attention. C'est un discours positif, accès sur la communication, il se construit dans lors d'un échange et il est marqué par la controverse.

A la fois perçu comme des bavardages sans intérêts, une épistémologie populaire (mythe, rumeurs). Durkeim dans les années 90 mettait le sociologue en garde et lui conseiller d'écarter toute pensée de sens commun car cette pensée se satisfait à elle même.

discours scientifique C'est un discours mathématique ou physique avec des concepts précis pour que chaque personne dans le monde comprenne de quoi on parle. Il n'y a pas de place pour l'ambiguïté.
La logique formelle Déterminer si un raisonnement est valide ou non
Logique de démonstatrion Elle correspond à la pensée mathématique, il faut juste apprendre, cette logique ne doit pas être persuasive, elle doit juste être valide.

Epistémologie - Définition